Les scrutins se sont fermés dans le dernier tour de la présidentielle tunisienne qui a vu le magnat des médias Nabil Karoui affronter l’avocat conservateur Kais Saied.
Les deux soi-disant candidats « extérieurs » ont été choqués par l’establishment politique tunisien lorsqu’ils se sont classés parmi les deux premiers candidats sur les 26 candidats au premier tour du scrutin organisé le 15 septembre.
Un premier sondage de sortie devrait être publié à 20h00 heure locale (19h00 GMT) le dimanche.
Auparavant, dans un café près d’un bureau de vote dans la banlieue tunisienne d’Ariana, à Tunis, les sièges étaient remplis d’hommes discutant et jouant aux cartes.
Tout le monde ici a dit qu’il avait déjà voté ou envisageait de voter. Barista Mounir Ahazri ne voulait pas révéler qui il choisirait après avoir terminé son quart de travail.
« C’est un homme d’État. Je le connais bien depuis 1999, alors que j’étais étudiant au département de droit », a-t-il déclaré sans mentionner le nom de son candidat.
Les clients du café étaient moins énigmatiques. Deux amis, Aymen Fougali et Ahmed Miled, ont voté pour Kais Saied.
« Il est très intelligent et l’autre ne paie pas d’impôts », a déclaré Fougali, 33 ans, dont la mère a voté pour Karoui.
« La majorité des personnes âgées ici votent pour Nabil Karoui parce qu’ils pensent qu’il est une bonne personne qui donne aux gens des pâtes. »
Entendant la conversation, Moaz Askri, un propriétaire d’usine âgé de 50 ans qui a voté pour Karoui, se joint à la table. Karoui « va apporter des investissements et réduire les taux d’imposition. Il a un programme économique – l’autre dit qu’il va laisser les gens décider! »
À 15h30 heure locale (14h30 GMT), le taux de participation était de 39,2%, selon Isie (Haute autorité indépendante chargée des élections).
Campagne interrompue
S’ils se présentent comme des personnalités opposées à l’établissement, les deux candidats présentent des alternatives très différentes pour le président. Karoui a cherché à gagner des votes parmi les électeurs pauvres, issus de la classe des affaires et laïcs en Tunisie. Saied est populaire parmi les conservateurs sociaux alors que sa campagne sans fioritures a séduit les jeunes.
Quelques semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle, Karoui a été arrêté et placé en détention pour blanchiment d’argent et fraude fiscale. Il nie les accusations et dit qu’elles étaient politiquement motivées.
Alors que la pression grandissait pour le libérer afin de permettre une campagne électorale équitable, il a été libéré la semaine dernière, bien que sa détention puisse donner lieu à un rejet du résultat.
Saied, quant à lui, a déclaré qu’il ne ferait pas campagne pour des raisons « éthiques » étant donné que son adversaire était en prison.
Même avant cela, Saied menait une campagne minimaliste, qui en soi attirait les électeurs qui le considéraient comme « propre ».
Il propose de réorganiser le système politique en donnant le pouvoir aux conseils locaux et maintient des points de vue socialement conservateurs, s’opposant à la décriminalisation de l’homosexualité et à une législation garantissant un héritage égal pour les hommes et les femmes.
Le parti Qalb Tounes de Karoui est devenu le deuxième parti des élections législatives de la semaine dernière.
L’homme d’affaires âgé de 56 ans a fondé sa campagne sur l’élimination de la pauvreté et a déclaré qu’il souhaitait accroître les pouvoirs présidentiels en élargissant la définition de la sécurité nationale aux questions sociales et économiques.
Il a également déclaré vouloir libéraliser l’économie tunisienne.
