Le cessez-le-feu annoncé mercredi à Luanda à l’issue d’un sommet entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame « n’engage pas le M23 », a déclaré jeudi à l’AFP le porte-parole du mouvement rebelle.
« Nous sommes des Congolais, pas des Rwandais. S’il y a un cessez-le-feu, cela ne peut être qu’entre nous et le gouvernement congolais », a indiqué Willy Ngoma, porte-parole du M23, mouvement dont la résurgence dans l’est de la RDC a provoqué les tensions actuelles entre la RDC et le Rwanda.
Selon des sources concordantes interrogées depuis Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, de nouveaux affrontements ont opposé jeudi matin les forces armées de RDC (FARDC) aux rebelles du M23, qui se sont emparés d’une localité du territoire de Rutshuru, Kanyabusoro. Un commandant des FARDC a accusé les rebelles d’avoir attaqué les militaires qui se trouvaient là, en violation du cessez-le-feu annoncé la veille, ce que le M23 a démenti, accusant en retour l’armée de l’avoir attaqué.
Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », est une ancienne rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 qui a repris les armes en fin d’année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation et réinsertion de ses combattants. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que le Rwanda conteste. Une réunion de médiation entre les présidents du Rwanda et de la RDC s’est tenue mercredi à Luanda sous les auspices du président angolais Joao Lourenço.
« J’ai le plaisir d’annoncer que nous avons obtenu des résultats positifs (…) dans la mesure où nous nous sommes mis d’accord sur un cessez-le-feu », a déclaré celui-ci à l’issue de la rencontre. Juste avant, la présidence de RDC avait annoncé que Félix Tshisekedi et Paul Kagame étaient convenus d’un « processus de désescalade », ajoutant qu’une « feuille de route » avait été adoptée, prévoyant notamment « la cessation immédiate des hostilités » et « le retrait immédiat et sans condition du M23 de ses positions en RDC ».
« Cette feuille de route n’engage pas le M23 », a estimé Willy Ngoma, interrogé depuis Goma. « Nous sommes Congolais, nous n’avons rien à voir avec le Rwanda », a-t-il insisté, « on nous demande de quitter ici, mais pour aller où ? C’est impossible ».
AFP