Au procès du bombardement qui a tué neuf soldats français à Bouaké en Côte d’Ivoire en 2004, des avocats des parties civile ont réclamé mercredi à Paris des peines exemplaires pour les trois accusés absents, tout en dénonçant les errements du gouvernement français de l’époque.
Trois membres de l’aviation ivoirienne à l’époque sont jugés aux assises, en leur absence, par la cour d’assises de Paris et accusés d’assassinat, pour avoir bombardé un camp de la force de paix française et tué neuf soldats français le 6 novembre 2004: deux officiers ivoiriens, Ange Gnanduillet et Patrice Ouei, et un mercenaire biélorusse, Yury Sushkin.
Entamé le 29 mars, le procès est entré jeudi dans sa dernière ligne droite avec les plaidoiries des avocats des parties civiles. Les victimes du bombardement et leurs familles sont « confrontées depuis des années au malheur, à la mort et à de terribles difficultés de reconstruction » et ce procès doit « permettre une condamnation exemplaire » des accusés, a déclaré l’un des avocats des parties civiles, Me Guillaume Fourier.
« Nous n’avons aucun doute sur leur culpabilité: ces pilotes ont volontairement bombardé et tué des soldats dans cette mission de paix. Votre arrêt est attendu et doit être d’une extrême fermeté », a-t-il ajouté.
« Les militaires et familles de victimes ont la conviction » que leurs camarades et proches ont « été tués et blessés par les forces ivoiriennes de l’époque. A vous aujourd’hui de leur rendre justice », a abondé un autre avocat, Me Lionel Béthune de Moro. « Il s’agit d’une action délibérée et concertée par des pilotes qui ne se sont pas trompés et ont rempli un plan de vol terrible », a-t-il ajouté.
Mais les avocats ont également critiqué les errements du gouvernement français de l’époque qui n’a, inexplicablement, pas réagi quand le Togo a proposé, dix jours après l’attaque, de lui livrer huit mercenaires bélarusses suspects, dont Yury Sushkin, ensuite identifié comme l’un des auteurs du bombardement.
« Je vous demande » de condamner les accusés mais aussi de vous « interroger » sur cette affaire, car « soit on a une incurie du gouvernement, soit on a mis un mouchoir sur quelque chose », a déclaré une autre avocate, Me Carole Delestrade.
Les rescapés et leurs familles estiment « avoir été abandonnés, pas défendus par les autorités françaises de l’époque, à vous de leur rendre justice », a demandé à la cour Me Béthune de Moro.Le verdict est attendu jeudi ou vendredi.
AFP