Le président ougandais Yoweri Museveni, réélu en janvier pour un sixième mandat, a prêté serment mercredi lors d’une cérémonie dans la capitale Kampala, placée sous haute sécurité pour éviter toute manifestation de l’opposition qui conteste son élection.
Selon les résultats officiels, M. Museveni a obtenu 58% des voix lors du scrutin du 14 janvier, dénoncé comme une « mascarade » par son principal opposant Bobi Wine, crédité de 35% des voix. Un important dispositif de sécurité avait été mis en place pour cette cérémonie à laquelle ont assisté onze chefs d’Etat africains (Kenya, Tanzanie, Ethiopie, Zimbabwe, Somalie, Burundi, RDC, Ghana, Soudan du Sud, Guinée et Namibie), ainsi que des représentants chinois et russes, afin d’éviter des perturbations de la part de l’opposition.
Les principaux leaders de l’opposition, Bobi Wine et Kizza Besigye, ont indiqué que leurs résidences avaient été encerclées par des policiers et militaires en armes. »Ma maison a été assiégée par l’armée et la police et je ne suis pas autorisé à quitter la maison », a déclaré à l’AFP Bobi Wine, de son vrai nom Robert Kyagulanyi.
« Le dictateur Museveni prête serment, bien conscient qu’il a volé les élections et privé les Ougandais de leurs droits et il a peur des gens qui s’opposent à cette imposture de cérémonie », a-t-il ajouté, en assurant: « Nous continuerons la lutte pour le déloger du pouvoir par des moyens pacifiques et ça viendra bientôt ».
Le porte-parole de la police ougandaise, Fred Enanga, a décrit la présence de policiers autour des résidences de MM. Wine et Besigye comme « un déploiement de sécurité normal pour les VIP ». « Il y avait des rapports des renseignements selon lesquels certaines personnes voulaient perturber la cérémonie de prestation de serment et nous avons pris des précautions pour assurer la sécurité de certains dirigeants, dont ceux de l’opposition Bobi Wine et Besigye », a-t-il déclaré.
« Il y a eu également une tentative de Bobi Wine d’organiser une prestation de serment parallèle, mais il doit être averti que c’est illégal (…) et que la police ne lui permettra pas de le faire », a ajouté le porte-parole de la police. La campagne de l’élection présidentielle avait été marquée par des violences et le musellement des candidats de l’opposition, empêchés d’organiser des rassemblements au nom de la lutte contre l’épidémie de Covid-19.
En novembre, au moins 54 personnes avaient été tuées par la police lors de violences déclenchées par une énième arrestation de M. Wine, maintes fois appréhendé depuis 2018. L’opposition affirme que depuis l’élection, les forces de sécurité ont enlevé plusieurs de ses partisans. Après avoir initialement démenti, le président Museveni et des membres du gouvernement ont admis que des citoyens accusés de complot contre l’État étaient détenus par l’armée et des agences de sécurité.
AFP