Des centaines de Tunisiens ont manifesté samedi à Tunis et dans d’autres villes du pays pour protester contre la répression policière et pour réclamer une meilleure politique sociale, après plusieurs nuits de troubles marqués par des violences et des centaines d’arrestations. C
es manifestations interviennent alors que la pandémie de coronavirus a fait basculer de nombreuses familles dans la pauvreté et qu’elle menace le système hospitalier, avec notamment plus de 400 malades en réanimation.
La Tunisie avait recensé jeudi soir plus de 6.000 décès –avec un record quotidien ce jour-là de 103 décès– et 193.273 cas de contamination.
Le couvre-feu entre 20H00 et 5H00 et l’interdiction de fêtes et de rassemblements, qui sont en vigueur depuis octobre, ont été prolongés samedi jusqu’au 14 février.
Cela n’a pas empêché une centaine de personnes de défiler à Gafsa samedi, comme à Sfax la veille, pour réclamer la libération de jeunes arrêtés lors de heurts entre protestataires et policiers cette semaine.
« Sous les pavés la colère » ou encore « ni police, ni islamistes, le peuple veut la révolution », ont scandé plusieurs centaines de manifestants à Tunis. Un manifestant a été blessé lors de brefs incidents sur l’avenue Bourguiba, principale artère de la capitale, sous très haute surveillance policière, a constaté l’AFP.
« La jeunesse vit au jour le jour, on n’a plus d’espoir, ni pour travailler, ni pour faire des études et ils nous traitent de fauteurs de troubles », déplore Amine, diplômé en mécanique de l’aviation et employé d’un centre d’appel français pour 300 euros mensuels.
« Il faut écouter les jeunes, pas envoyer des policiers par milliers. Mais tout le système est corrompu, quelques familles et leurs partisans se partagent la gestion des richesses tunisiennes », estime-t-il.
Au cours de heurts entre protestataires jetant des pierres et la police répliquant avec des gaz lacrymogènes, plus de 700 personnes selon la police –au moins un millier, selon des ONG– ont été arrêtés en quatre soirées.
Des défenseurs des droits humains et des familles ont dénoncé des abus lors d’arrestations et de gardes à vue. »La situation est catastrophique, les politiciens sont corrompus, nous voulons changer de gouvernement et de système », explique Omar Jawadi, 33 ans, directeur des ventes dans un hôtel et qui ne perçoit que la moitié de son salaire depuis plusieurs mois.
La classe politique tunisienne, paralysée par ses divisions, peine à faire face à l’urgence sociale. Le Premier ministre Hichem Mechichi attend un vote du Parlement mardi pour confirmer un large remaniement annoncé il y a une semaine.
AFP