L’Egypte a expulsé depuis octobre une trentaine de demandeurs d’asile érythréens parmi lesquels des enfants, a déclaré jeudi l’ONG Human Rights Watch (HRW), qui accuse les autorités de les avoir détenus « dans des conditions inhumaines ».
« L’Egypte devrait protéger les demandeurs d’asile plutôt que de les expulser vers un pays où ils risquent la torture » ou l’enrôlement de force dans l’armée, indique dans un communiqué Joe Stork, directeur adjoint de HRW pour le Moyen-Orient. Citant des militants érythréens vivant en Egypte, l’ONG rapporte que le 24 décembre, 24 demandeurs d’asile érythréens parmi lesquels six enfants et sept femmes ont été expulsés vers leur pays.
Ces Erythréens, dont la demande d’asile n’a pas été examinée, étaient « détenus arbitrairement dans des conditions inhumaines depuis des mois », indiquent les militants qui accusent la police égyptienne de collaborer avec l’ambassade érythréenne pour ces retours forcés.
« Des diplomates (érythréens) les ont obligés à signer des documents en arabe qu’ils ne pouvaient pas lire et qui sont sûrement liés à leur expulsion » vers l’Erythrée où les hommes et les femmes de moins de 50 ans doivent accomplir leur service militaire parfois pendant des années, ajoutent-ils.
En octobre et novembre, déjà, l’Egypte avait expulsé 15 Erythréens parmi lesquels au moins sept demandeurs d’asile. Si le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) recensait plus de 20.000 réfugiés et demandeurs d’asiles érythréens en Egypte en 2021, leur nombre est sûrement plus élevé car beaucoup ne se font pas enregistrer officiellement. Citant des familles, HRW évoque des Erythréens « détenus dans des cellules surpeuplées, privés de nourriture et de médicaments ».
Selon l’ONG égyptienne Refugees’ Platform, les autorités continuent d’arrêter des migrants érythréens et des dizaines seraient actuellement détenus à Assouan (sud). A la mi-janvier, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, avait assuré à la presse que son pays prenait grand soin des migrants.
L’Egypte est régulièrement épinglée pour ses conditions de détention en général, les défenseurs des droits humains faisant régulièrement état de « torture », « mauvais traitements » et détention d' »enfants ». Avec la guerre civile en Ethiopie et un coup d’Etat au Soudan, les deux principaux pays voisins de l’Erythrée, beaucoup d’Erythréens qui s’y étaient réfugiés pour échapper au service militaire, préfèrent aller en Egypte.
AFP