Treize civils ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi dans l’est de la République démocratique du Congo dans une attaque attribuée au groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF), a-t-on appris de sources concordantes.
L’attaque a eu lieu vers 19H00 (17H00 GMT) dans le village de Kisima-Vutotolia à 30 km de la ville de Beni, sur la route menant à la frontière ougandaise. »La situation de Kisima est très dramatique. Il y a eu une incursion des ADF vers 19H00 hier soir (mardi). Il y a eu perte en vies humaines de 13 personnes », a déclaré à l’AFP Donat Kibuana, administrateur du territoire de Beni.
« Il y a aussi la disparition de quelques habitants. On va faire un recensement pour voir qui n’est pas là », a-t-il ajouté, précisant que la population commençait à revenir timidement dans cette zone ces derniers jours, rassurée par l’annonce de l’état de siège proclamé il y a trois semaines par le gouvernement.
« Nous avons déjà ramassé 13 corps. Ces personnes ont été ligotées et décapitées par des assaillants », a expliqué à l’AFP une source humanitaire. »Le chef du village de Kisima et son épouse sont parmi les victimes. Deux enfants âgés de 4 et de deux mois ont été retrouvés vivants à côté des cadavres de leurs parents », a témoigné auprès de l’AFP Roger Masimango, rapporteur de la société civile du secteur de Rwenzori.
La route stratégique Beni-Kasindi qui mène vers la frontière avec l’Ouganda est parsemée de positions militaires et d’une base des Casques bleus de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco). Cette présence militaire n’empêche pas les attaques régulières dans la zone.
« Sept corps de civils ont été retrouvés ce matin à Singipa. On compte aussi une dizaine de disparus », ont rapporté de leur côté les experts du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais), en référence à la même attaque. « Cela porte à plus de 1.200 le nombre de civils tués sur le territoire de Beni depuis novembre 2019 », selon le KST.
Le dernier incident rapporté impliquant les ADF avait fait 31 civils tués le 12 mai, au nord-ouest de Beni cette fois. Les Forces démocratiques alliées, plus connues sous l’acronyme anglais ADF, sont à l’origine des rebelles musulmans ougandais, qui ont fait souche en RDC où ils se sont installés en 1995.
Les ADF sont de loin le plus meurtrier des 122 groupes armés recensés dans l’Est congolais par le KST.Le 11 mars, les États-Unis ont placé ce groupe armé parmi les « groupes terroristes » affiliés aux jihadistes de l’organisation État islamique (EI). Depuis 2019, l’EI a revendiqué, images à l’appui et sur ses canaux de communication habituels via les réseaux sociaux, certaines des attaques attribuées aux ADF.
Le 6 mai, les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri ont été placées sous le régime de l’état de siège par le président Félix Tshisekedi, pour tenter d’y juguler la violence, notamment les attaques meurtrières des ADF. Des gouverneurs militaires y ont remplacé les gouverneurs civils.
AFP