Cinq défenseurs des droits humains arrêtés mardi au Burundi ont été inculpés de rébellion et atteinte à la sûreté intérieure de l’État, et écroués, a appris vendredi l’AFP auprès de la Ligue de défense des droits humains Iteka.
Cette information a été confirmée par une source pénitentiaire et par des proches de deux des activistes. Les militants ont été arrêtés par les services de renseignement alors que quatre d’entre eux s’apprêtaient à prendre un avion pour l’Ouganda depuis la capitale économique Bujumbura.
« Les cinq activistes des droits de l’Homme ont été entendus durant toute la journée hier (jeudi, ndlr) au parquet de Bujumbura, en compagnie de leurs avocats », a déclaré vendredi à l’AFP le président de la ligue Iteka, Anschaire Nikoyagize.
« Ils ont finalement été inculpés d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat, de rébellion et d’atteinte au bon fonctionnement des finances publiques, avant d’être écroués à la prison centrale de Mpimba à Bujumbura » jeudi soir, a-t-il ajouté.
Ils encourent jusqu’à 30 ans de prison au total selon la loi burundaise. Parmi les militants arrêtés à l’aéroport se trouvait Sonia Ndikumasabo, présidente de l’Association des femmes juristes du Burundi et ancienne vice-présidente de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme.
Prosper Runyange, membre de l’Association pour la paix et la promotion des droits de l’Homme (APDH), a de son côté été arrêté à Ngozi, dans le nord du pays. « Le pouvoir burundais leur reproche (…) d’avoir continué à bénéficier des financements d’une ONG internationale qui s’était retirée du Burundi en 2018 après avoir refusé d’appliquer des instructions du gouvernement », a justifié auprès de l’AFP un haut cadre de l’administration burundaise.
Ses propos ont été confirmés par plusieurs autres activistes burundais, parlant sous couvert de l’anonymat. Depuis son accession au pouvoir en 2020, le président du Burundi Évariste Ndayishimiye, oscille entre signes d’ouverture du régime, qui reste sous l’emprise de puissants « généraux », et ferme contrôle du pouvoir avec des atteintes aux droits de l’Homme dénoncées par des ONG.
Il a succédé à Pierre Nkurunziza, décédé en 2020, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis 2005. Le Burundi, enclavé dans la région des Grands Lacs, est le pays le plus pauvre au monde en terme de PIB par habitant selon la Banque mondiale, selon qui 75% de ses 12 millions d’habitants vivent sous le seuil international de pauvreté.
AFP