Le principal opposant au Tchad, Saleh Kebzabo, a annoncé vendredi à l’AFP son intention d’empêcher pacifiquement le déroulement de la présidentielle du 11 avril, à laquelle il a retiré sa candidature et dont Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 1990, est le grandissime favori.
« Je ne veux pas dévoiler la manière dont nous allons empêcher la tenue de cette élection présidentielle. En tant que démocrates, nous n’allons pas recourir à la violence », a-t-il affirmé à l’AFP, « mais soyez assurés que cette élection n’aura pas lieu ».
« Aucune action violente ne sera menée pour stopper le déroulement de cette élection », a répété M. Kebzabo, qui a retiré le 1er mars sa candidature à la présidentielle.
Quatre fois candidat malheureux contre M. Deby, M. Kebzabo s’est retiré au lendemain d’une tentative d’arrestation d’un autre candidat déclaré, Yaya Dillou Djerou, à son domicile de N’Djamena, qui s’est soldée par la mort d’au moins trois personnes.
M. Kebzabo a dénoncé lors de son retrait le « climat d’insécurité (…) pour les candidats qui vont affronter » M. Deby et a dit refuser de « servir de caution à la mascarade qui se prépare sur une grande échelle ».
Outre M. Kebzabo, trois autres opposants ont retiré leur candidature, pourtant validée par la Cour suprême, dénonçant eux aussi la détérioration du climat sécuritaire pour l’opposition.
Restent donc cinq candidats en lice face à M. Deby qui dirige le Tchad d’une main de fer depuis plus de 30 ans.Ancien journaliste, M. Kebzabo était arrivé troisième à la présidentielle de 1996 avant de se rallier à M. Déby au second tour et d’entrer au gouvernement.
Il y a enchaîné les portefeuilles jusqu’à sa rupture avec M. Déby en 1999, qu’il a affronté sans succès lors des présidentielles de 2001, 2006 et 2016. »Déby ne sera pas candidat et l’année 2021 sera celle de l’alternance au Tchad. C’est ma ferme conviction », a-t-il écrit jeudi sur Twitter.
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement interdit systématiquement et réprime durement toute manifestation de l’opposition et de la société civile qui réclament « l’alternance et plus de justice sociale ».
Amnesty international a qualifié ces interdictions de « restrictions non nécessaires et disproportionnées du droit à la liberté de réunion pacifique » et a dénoncé des « arrestations arbitraires ».
L’accès à internet mobile est fortement perturbé vendredi dans la capitale N’Djamena, a constaté un journaliste de l’AFP.
AFP