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Soudan: une semaine après le départ de Béchir, les manifestants ciblent le régime

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Une semaine après le renversement par l’armée du président Omar el-Béchir, les manifestants au Soudan maintiennent la pression pour en finir avec l’ensemble de son régime, au quatrième mois d’une contestation populaire inédite dans ce pays pauvre de la Corne de l’Afrique.

Agé de 75 ans, M. Béchir a vu ses trois décennies de règne s’achever le 11 avril avec sa destitution par l’armée sous la pression d’un mouvement populaire déclenché en décembre par un triplement du prix du pain avant de se transformer en contestation du régime.

« C’est la première semaine de ma vie que je vis sans Béchir », confie à l’AFP Tareq Ahmed, ingénieur de 28 ans, qui participe depuis 13 jours au sit-in devant le siège de l’armée dans le centre de la capitale soudanaise Khartoum.

« Je suis fier de ce que ma génération a fait au dictateur », se réjouit-il.

Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent devant le QG. A l’origine ils réclamaient le départ de M. Béchir. Aujourd’hui, ils exigent la dissolution du Conseil militaire de transition qui lui a succédé et l’instauration d’un pouvoir civil.

Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat soutenu par les islamistes en 1989, M. Béchir a dirigé d’une main de fer un pays en proie à des rébellions dans plusieurs régions dont celle du Darfour (ouest), et où les arrestations de chefs de l’opposition, de militants et de journalistes étaient régulières.

Le chef de l’Etat déchu est par ailleurs sous le coup de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, notamment pour « génocide » au Darfour, mais les autorités actuelles refusent pour le moment son extradition.

Arrêté et détenu dans un lieu inconnu, M. Béchir a été transféré mercredi vers une prison du nord de Khartoum, a indiqué l’un de ses proches. Le Conseil militaire de transition a annoncé le même jour l’arrestation de deux des cinq frères du président déchu, Abdallah et Abbas, des hommes d’affaires qui n’ont pas de fonction officielle.

– « Révolution inachevée » –

Sept jours après sa destitution, les manifestants maintiennent leur sit-in et leurs rangs grossissent devant le siège de l’armée pour réclamer le départ des militaires du pouvoir.

C’est le ministre de la Défense sous Omar el-Béchir, le général Awad Ibn Ouf, qui avait pris la direction du Conseil militaire. Mais il a démissionné 24 heures plus tard et a été remplacé par le général Abdel Fattah al-Burhane, un militaire peu connu.

« Nous voulons que le Conseil militaire soit dissout et remplacé par un conseil civil incluant des représentants de l’armée », assure Mohamed Naji, un responsable de l’Association des professionnels soudanais (SPA), un groupe en première ligne de la contestation.

« Il est de plus en plus clair que la révolution reste inachevée », déclare à l’AFP Alan Boswell, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG). « La clique sécuritaire toujours au pouvoir résiste clairement aux exigences qui l’obligeraient à céder le pouvoir ».

Selon lui, les manifestants ont raison de dire que les membres du Conseil militaire appartiennent à l’élite dirigeante sous M. Béchir.

« Si vous comptez Salah Ghosh, trois dirigeants se sont retirés en une semaine », dit-il, évoquant tout de même un « changement ». M. Ghosh, le chef redouté du Service national de renseignement et de sécurité (NISS), a démissionné après la destitution de M. Béchir.

Le NISS est accusé d’avoir mené la violente répression contre les manifestants ayant fait plus de 60 morts et des centaines de blessés. Des milliers de personnes ont été emprisonnées.

– « Milieu du chemin » –

La réaction du Conseil militaire à la pression grandissante de la rue et de la communauté internationale pourrait être cruciale.

« Nous ne sommes pas au bout du chemin », estime M. Boswell. « Nous nageons en eaux troubles ».

L’Union européenne et les Etats-Unis ont appelé les nouvelles autorités à inclure des civils au pouvoir. L’Union africaine a menacé lundi de suspendre le Soudan de l’organisation continentale si l’armée ne quittait pas le pouvoir au profit d’une « autorité politique civile » d’ici une période de 15 jours.

« Béchir est le symbole du régime, mais nous sommes toujours au milieu du chemin », estime Erij Salah, un manifestant de 23 ans. « Nous devons nous battre jusqu’à en finir avec ce régime ».

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