Le chef de la diplomatie du dictateur déchu Omar el-Béchir, emprisonné depuis la révolte de 2019 au Soudan, a entamé une grève de la faim avec plusieurs ex-responsables de l’ancien régime, indique dimanche sa famille.
Ibrahim Ghandour et « d’autres co-détenus » ont « entamé une grève de la faim qu’ils ne cesseront qu’une fois libérés ou présentés devant un tribunal impartial », affirment ainsi ses proches dans un communiqué, sans préciser les noms de ces co-détenus. Depuis qu’en 2019 l’armée a mis un point final à trente années de dictature du général Béchir sous la pression d’un soulèvement populaire, la plupart des responsables de son régime, dont l’ancien président lui-même, ont été arrêtés et incarcérés.
Certains, comme Omar el-Béchir, ont été placés dans la tristement célèbre prison de Kober à Khartoum, où il jetait avant ses opposants. M. Ghandour, lui, est dans une autre prison. Il avait été l’artisan de la levée en 2017 des sanctions économiques imposées pendant 20 ans au Soudan par Washington. Il était ensuite tombé en disgrâce pour avoir annoncé publiquement que nombre de diplomates à l’étranger voulaient rentrer au Soudan faute d’être payés.
L’ex-ministre avait été limogé le lendemain, six mois avant la chute de Béchir, qui n’a pas eu ensuite le temps de le remplacer. Récemment, le parquet a ordonné la libération de plusieurs responsables du régime Béchir, mais le général Abdel Fattah al-Burhane, seul aux commandes du Soudan en transition depuis son coup d’Etat d’octobre, a ordonné leur maintien en détention.
« C’est la première interférence dans les affaires judiciaires de l’histoire de notre pays », s’insurge la famille de M. Ghandour alors que le général Burhane est conspué dans la rue par des manifestants qui l’accusent de chercher à réimposer les hommes de l’ancien régime, dont il est lui-même issu. Déjà reconnu coupable de corruption en décembre 2019, Omar el-Béchir comparaît toujours dans d’autres affaires et chaque mardi les audiences sont retransmises à la télévision d’Etat.
AFP