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Sénégal : le gouvernement annonce une enquête « indépendante » sur les troubles de mars

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Le gouvernement sénégalais a annoncé jeudi la création d’une commission d’enquête « indépendante » sur les troubles de début mars, les plus graves que ce pays réputé pour sa stabilité ait connus depuis des années. 

Il s’agit de « rétablir les faits, notre part de vérité », a déclaré devant la presse le ministre des Forces armées, Sidiki Kaba. Le gouvernement a été accusé par l’opposition d’être responsable de la mort d’au moins 13 personnes, tuées selon elle dans la répression de la contestation.

Le gouvernement a pour la première fois évoqué le chiffre de 10 ou 13 morts, dans un document publié jeudi, et 400 blessés, dont 100 membres des forces de sécurité.

Des organisations comme Amnesty International ou Human Rights Watch ont dénoncé un usage excessif de la force par les policiers et les gendarmes, le recours à des tirs à balles réelles ainsi que la présence, aux côtés des forces de l’ordre, d’individus en civil non-identifiés et présentés par l’opposition comme des hommes de main du pouvoir.

Le ministre s’est inscrit en faux contre les versions laissant « entendre que l’entière responsabilité de tous les faits, des morts, des blessés, des pillages sont le fait du gouvernement du Sénégal ». Il n’a pas écarté l’éventualité que des policiers ou des gendarmes aient isolément violé la loi et assuré qu’il « n’y aura pas d’impunité » pour eux si les faits sont établis.

Mais le président Macky Sall avait donné pour instruction de ne pas tirer sur les manifestants et les forces de l’ordre « ont fait preuve de tenue, de retenue, de sang-froid et de professionnalisme; n’eût été cela nous aurions eu un bain de sang », a-t-il dit. « Le Sénégal n’est pas un enfer des droits de l’Homme », a-t-il déclaré.

Il a invoqué la situation exceptionnelle causée par la pandémie de Covid-19 et la crise économique, dans laquelle la plainte pour viols contre le député d’opposition Ousmane Sonko a fait l’effet d’un « ouragan ».

Principal opposant au président Sall, Ousmane Sonko qualifie cette plainte de « complot » pour lui faire barrage à la présidentielle de 2024. Tranchant avec le ton conciliant du ministre des Forces armées, un mémorandum gouvernemental publié en même temps que sa conférence de presse impute les troubles de mars au « discours violent et insurrectionnel » d’Ousmane Sonko qui a voulu, « à tout prix, transformer une affaire de viol en un sordide complot politique ».

Une commission « indépendante et impartiale » sera chargée de « rétablir la vérité », a dit le ministre. Elle sera ouverte à l’opposition et à la société civile, a-t-il ajouté sans en préciser la composition ni le calendrier.

Elle déterminera les responsabilités et la présence ou non d’hommes de main dans les rangs des forces de sécurité, ou de « forces occultes » au sein de la contestation, a-t-il dit.

Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome avait évoqué le 5 mars l’implication de telles « forces occultes » dans les manifestations, sans qu’apparaisse de quoi il parlait.

Ces propos ont donné lieu dernièrement à des spéculations sur une possible référence à des rebelles de Casamance, région du Sud du Sénégal en proie à une guérilla indépendantiste.

AFP

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