Des agences des Nations Unies ont fait part mardi de leur préoccupation sur la dégradation de la situation humanitaire dans la région de Tripoli où se poursuivent les affrontements et sur la situation des milliers de migrants, réfugiés et personnes déplacées en Libye.
« L’insécurité croissante à Tripoli met en danger les déplacés et les migrants alors que les affrontements armés entrent dans leur deuxième mois », a déclaré Joel Millman, porte-parole de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) lors d’un point de presse mardi à Genève.
Les affrontements dans et autour de Tripoli n’ont pas cessé. Ces derniers jours, des frappes aériennes et des tirs d’artillerie ont eu lieu à Ain Zara, Tajoura et près de l’aéroport international de Tripoli.
« Des milliers de civils se déplacent chaque jour vers des endroits plus sûrs dans les villes situées le long de la côte et vers les montagnes de Nafusa », a déclaré Charlie Yaxley, porte-parole de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). « Les besoins humanitaires augmentent alors que la nourriture et les médicaments sont limités et que les déplacements dans la ville sont difficiles ».
Depuis le 5 avril dernier, les combats entre les forces du maréchal Haftar et ses rivaux ont fait 454 morts et plus de 2.154 blessés, selon un bilan publié mardi de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Les affrontements et les bombardements ont fait aussi plus de 66.000 déplacés en Libye, selon l’OIM. « L’augmentation rapide du nombre de personnes déplacées est préoccupante alors que les combats s’intensifient en l’absence d’un cessez-le-feu humanitaire », a alerté M. Millman.
Les agences onusiennes présentes en Libye apportent une aide humanitaire aux migrants, réfugiés et personnes déplacées. Le HCR distribue des couvertures, des matelas et d’autres articles de première nécessité. Le mécanisme conjoint d’intervention rapide mis en place par l’OIM, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a, jusqu’à présent, fourni des secours de première nécessité à 18.210 personnes.
Les Nations Unies sont particulièrement préoccupées par le sort de plus de 3.300 migrants et réfugiés retenus dans des centres de détention.
« Dans plusieurs centres de détention, en particulier dans la région occidentale, des personnes ont besoin de soins médicaux d’urgence », a dit Charlie Yaxley du HCR, précisant que la nourriture disponible sur place est rare et que les installations d’eau et d’assainissement sont en mauvais état.
Malgré les problèmes de sécurité, les interventions d’urgence de l’OIM se poursuivent dans 11 centres de détention à l’intérieur et à proximité de Tripoli. « Nous réaffirmons qu’il est urgent de mettre fin à la détention de migrants en Libye », a déclaré Othman Belbeisi, le chef de mission de l’OIM en Libye.
Plus de 2.800 migrants renvoyés en Libye depuis le début de l’année
Malgré l’insécurité qui règne en Libye, plus de 2.800 migrants y ont été renvoyés depuis le début de l’année, a indiqué l’OIM qui s’inquiète du retour des migrants vers des ports dangereux et de leur placement dans des centres de détention « souvent surpeuplés, où les conditions inacceptables ».
« Alors que nous fournissons une assistance sanitaire, des articles non alimentaires, une aide alimentaire d’urgence et une aide au retour volontaire pour les migrants souhaitant rentrer chez eux, nous réaffirmons que l’OIM ne peut pas garantir la protection des migrants détenus et continue d’appeler à la cessation urgente de la détention », a rappelé M. Millman.
L’OIM aide également les migrants qui le souhaitent à rentrer dans leurs pays d’origine. Depuis le 4 avril, 1.402 migrants ont été rapatriés vers 19 pays avec l’appui du programme de retour humanitaire volontaire de l’OIM.
Les migrants et réfugiés qui tentent la traversée de la mer Méditerranée pour atteindre l’Europe le font au péril de leurs vies. Le 10 mai, un bateau parti de Zuwara, en Libye, a chaviré au large des côtes tunisiennes. 59 personnes sont mortes noyées. Cette dernière tragédie en mer porte à 316 le nombre de nombre de personnes décédées cette année sur la route centrale de la Méditerranée entre l’Afrique du Nord et l’Europe et à 502 pour toutes les routes traversant la Mare nostrum.