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Ethiopie : l’ONU s’inquiète de la détention d’au moins 1.000 personnes sous l’état d’urgence

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Des informations font état de l’arrestation par les autorités éthiopiennes d’au moins 1.000 personnes, la plupart d’origine tigréenne, a dénoncé mardi le Bureau des droits de l’homme de l’ONU, qui s’inquiète de « l’utilisation abusive de l’état d’urgence » dans ce pays de la Corne de l’Afrique. 

« D’après les rapports, au moins 1.000 personnes auraient été détenues au cours de la semaine écoulée et certains rapports avancent un chiffre beaucoup plus élevé », », a déclaré lors d’un point de presse à Genève, Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme (HCDH).

Ce coup de filet vise officiellement les personnes « suspectées d’apporter un soutien aux organisations terroristes ». 

Une large campagne d’arrestations visant en priorité les Tigréens

Depuis l’instauration de l’état d’urgence en Ethiopie, le 2 novembre, la police s’est lancée dans une large campagne d’arrestations visant en priorité les Tigréens. 

« Cette évolution est d’autant plus inquiétante que la plupart des personnes détenues seraient d’origine tigréenne, arrêtées souvent parce qu’elles sont soupçonnées d’être affiliées ou de soutenir le Front populaire de libération du Tigré (TPLF) », a affirmé la porte-parole du HCDH. 

Par ailleurs, dix membres du personnel local de l’ONU et quelque 34 chauffeurs contractuels des Nations Unies sont toujours en détention en Éthiopie, a-t-elle indiqué. 

Selon Mme Throssell, le coup de filet, entamé depuis la semaine dernière, est mené essentiellement à Addis-Abeba, la capitale de l’Éthiopie, mais aussi dans les villes de Gondar, Bahir Dar et dans d’autres endroits. 

« La police invoque les dispositions excessivement larges de l’état d’urgence décrété le 2 novembre dernier, pour arrêter, fouiller et détenir des personnes », a précisé la porte-parole du HCDH.

Des conditions de détention dans des postes de police surpeuplés

Mme Throssell s’est dite préoccupée par les conditions de détention, notamment dans des postes de police surpeuplés. 

« Nous sommes également préoccupés par certaines informations faisant état de mauvais traitements en détention », a fait valoir la porte-parole, relevant que de nombreuses personnes détenues n’ont pas été informées des raisons de leur détention et n’ont pas été traduites devant un tribunal ou formellement inculpées.

Dans ce climat de peur et de délation, apparemment personne ne semble à l’abri. Or l’ONU estime que les détenus avaient le droit de connaître les charges retenues contre eux et de bénéficier d’un procès équitable, d’autant que la détention administrative ne devrait être utilisée qu’à titre exceptionnel. 

Selon l’ONU, la détention doit prendre fin dès que l’individu ne représente plus une menace et doit être appliquée de manière non discriminatoire.  Une façon de rappeler que les arrestations et les détentions en cours actuellement en Éthiopie, en vertu des pouvoirs de l’état d’urgence, ne respectent pas ces conditions.

L’état d’urgence aggrave une situation humanitaire et des droits humains inquiétant

De plus, l’ONU redoute que l’état d’urgence en vigueur n’aggrave « une situation humanitaire et des droits humains déjà très grave ». 

Ses dispositions sont extrêmement larges, avec des interdictions vagues allant jusqu’à englober le soutien « moral indirect » à ce que le gouvernement a qualifié de « groupes terroristes ». Or Comme l’a souligné la Haut-Commissaire Michelle Bachelet, il existe de graves risques que de telles mesures, loin de stabiliser la situation, n’affectent davantage l’acheminement de l’aide humanitaire ou n’approfondissent les divisions.

Pour l’ONU, de telles mesures d’exception mettent en danger la société civile et les défenseurs des droits de l’homme, provoquent de nouveaux conflits, ajoutant ainsi des « souffrances humaines considérables » en Éthiopie.

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