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De la Syrie au Soudan, l’ONU alerte sur l’inaction face aux crises humanitaires

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Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a dénoncé lundi une « érosion alarmante du respect du droit international humanitaire », alors que les guerres et la violence forcée continuent de pousser des millions de personnes à fuir leurs foyers à travers le monde.

S’exprimant à l’ouverture de la 76e session du Comité exécutif du HCR à Genève, M. Grandi a pointé du doigt les acteurs des conflits contemporains qui « ne font même plus semblant de respecter les lois de la guerre », soulignant que la souffrance humaine est désormais traitée comme un coût acceptable des opérations militaires.

« Aucun coût humain n’est trop élevé, aucune image de mort ou de destruction trop choquante », a-t-il déclaré. « La répétition quotidienne des atrocités vise à engourdir notre conscience et à nous faire sentir impuissants. »

Le nombre de personnes déplacées de force dans le monde a atteint un niveau sans précédent — 122 millions selon les dernières estimations du HCR. Ce chiffre a doublé en dix ans, conséquence directe des guerres prolongées, des persécutions, et des effets du changement climatique.

Des conflits majeurs se poursuivent en Syrie, au Soudan, en Ukraine, en République démocratique du Congo et au Myanmar, tandis que des crises complexes provoquent également des déplacements massifs en Amérique latine et dans les Caraïbes, touchant notamment les populations du Venezuela, d’Haïti et du Nicaragua.

Au Soudan, la guerre entre l’armée nationale et les Forces de soutien rapide (FSR) a déjà forcé plus de 9 millions de personnes à fuir, selon le HCR. Des lignes de front mouvantes et l’effondrement des structures civiles ont plongé le pays dans un chaos humanitaire profond.

Cette aggravation des crises survient alors que l’agence onusienne fait face à une baisse historique des financements internationaux.
Sur les 10 milliards de dollars demandés pour ses opérations en 2024, le HCR ne prévoit d’en recevoir que 3,9 milliards, soit 1,3 milliard de moins que l’année précédente.

Conséquence : des programmes essentiels — notamment la prévention des violences sexuelles, la scolarisation des enfants réfugiés et la fourniture d’aide alimentaire ont été suspendus ou drastiquement réduits.

« Ce n’est pas seulement une crise budgétaire, c’est le résultat de choix politiques aux effets dévastateurs », a averti Filippo Grandi.

Le Haut-Commissaire a mis en garde contre un « effet domino d’instabilité » si les pays donateurs continuent de réduire leur soutien :

« En exerçant simultanément une pression sur les réfugiés, sur les pays qui les accueillent et sur le système humanitaire, nous risquons de provoquer de nouvelles vagues de déplacement que nous cherchons précisément à éviter. »

Alors que les urgences humanitaires se multiplient, M. Grandi a appelé la communauté internationale à rompre avec l’indifférence et à réaffirmer son engagement envers la protection des civils.

« L’humanité ne peut pas se permettre de s’habituer à l’inacceptable », a-t-il conclu.

Imedias.net