Une figure de la société civile ivoirienne, Pulcherie Gbalet, qui avait appelé en août 2020 à des manifestations contre un troisième mandat du président Alassane Ouattara, a été libérée après huit mois de prison à Abidjan, a annoncé jeudi son avocat.
Pulcherie Gbalet, présidente d’Alternative citoyenne ivoirienne (ACI) proche de l’opposition, a été libérée mercredi soir, « une libération provisoire », a déclaré à l’AFP Lambert Kouamé Béné, son avocat. Mme Gbalet avait été arrêtée en août 2020 et incarcérée à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), après avoir été « inculpée d’incitation à la révolte, appel à une insurrection, troubles à l’ordre public, violences et voies de faits ».
A l’appel de l’opposition et d’organisations de la société civile dont ACI, des manifestations liées à l’annonce de la candidature à un troisième mandat du président Alassane Ouattara, interdites par le pouvoir, avaient dégénéré en violences pendant trois jours, faisant « six morts, une centaine de blessés, 1.500 déplacés internes, 69 personnes interpellées, ainsi que de nombreux dégâts matériels », selon un bilan officiel.
« Il lui est reproché d’avoir lancé un appel pour une marche pacifique, pourtant consacrée par la Constitution (…) Elle n’aurait pas dû aller en prison pour cela », a estimé son avocat, se réjouissant cependant de la liberté retrouvée de sa cliente, en compagnie de trois autres collaborateurs.
M. Ouattara a été réélu en octobre 2020 pour un troisième mandat controversé, lors d’un scrutin boycotté par l’opposition qui avait appelé à la « désobéissance civile ». Cette présidentielle a donné lieu à une violente crise électorale qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre 2020.
La tension est néanmoins retombée depuis, les élections législatives de mars s’étant déroulées dans le calme et avec la participation des principaux partis d’opposition.
Début avril, le président Ouattara a annoncé que son prédécesseur Laurent Gbagbo et un pilier de son régime, Charles Blé Goudé, définitivement acquittés de crimes contre l’humanité par la justice internationale, étaient « libres de rentrer en Côte d’Ivoire quand ils le souhaitent ».
Des exilés pro-Gbagbo, dont son porte-parole Justin Katinan Koné, sont attendus vendredi à Abidjan après un exil de dix ans au Ghana voisin.
AFP