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Assassinat du journaliste Zongo au Burkina : la CEDH suspend l’extradition de François Compaoré

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La Cour européenne des droits de l’homme a suspendu vendredi l’extradition de la France vers le Burkina Faso de François Compaoré, frère du président déchu Blaise Compaoré et mis en cause dans l’assassinat en 1998 d’un journaliste d’investigation, Norbert Zongo, a annoncé la CEDH. 

« La Cour a décidé d’indiquer au gouvernement français, en vertu de l’article 39 » du règlement de la CEDH qui régit les « mesures provisoires », que M. Compaoré « ne devrait pas être extradé vers le Burkina Faso pendant la durée de la procédure devant la Cour », a indiqué dans un communiqué laconique le bras juridique du Conseil de l’Europe.

Il avait été saisi par les avocats du requérant après la validation vendredi dernier de l’extradition par le Conseil d’Etat français. Les mesures provisoires de la Cour « ne s’appliquent que lorsqu’il y a un risque imminent de dommage irréparable », souligne la CEDH, qui insiste sur le fait qu’elles « ne présagent pas de ses décisions ultérieures sur la recevabilité ou sur le fond des affaires en question ».

Les avocats de M. Compaoré, François-Henri Briard et Pierre-Olivier Sur, ont salué dans un communiqué une « décision indépendante et impartiale ». »La position de la Cour, qui protège désormais Paul François Compaoré des traitements inhumains et dégradants auxquels il était exposé et lui assure un procès équitable, contredit avec éclat les déclarations du Président de la République française, l’avis de la Cour d’appel de Paris, l’arrêt de la Cour de cassation et l’arrêt du Conseil d’Etat français, (…) hélas unanimes pour approuver cette mesure d’extradition », ajoutent-ils.

Le Conseil d’Etat français avait validé vendredi dernier l’extradition de M. Compaoré, 67 ans, vers le Burkina Faso mais ses avocats avaient saisi la CEDH « afin qu’elle fasse échec à l’extradition envisagée ».

La Cour, basée à Strasbourg, avait donné jusqu’à mardi 18H00 (16H00 GMT) à Paris pour fournir des garanties sur le fait qu’il ne risquait pas d’être torturé, notamment.François Compaoré est le frère cadet de Blaise Compaoré, chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans à la tête du Burkina Faso.

Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire « L’indépendant », Norbert Zongo, 49 ans, avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique.

Norbert Zongo, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans le sud du Burkina.

En juin 2019, la Cour de cassation française avait rejeté le pourvoi de M. Compaoré contre son extradition vers Ouagadougou, où le dossier de l’assassinat du journaliste, classé en 2006 après un « non-lieu » en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré.

François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport parisien de Roissy en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.

A ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RAP), l’ancienne garde prétorienne du président bukinabè déchu.

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