Connect with us

Actualité

Algérie: peine de prison requise contre un islamologue de renom

Published

on

La justice algérienne a requis jeudi « l’application de la loi », soit une peine de trois à cinq ans de prison, contre un islamologue de renom, Saïd Djabelkhir, poursuivi pour « offense aux préceptes de l’islam, a indiqué l’un de ses avocats à l’AFP. 

Le procès de M. Djabelkhir (bien Djabelkhir), un chercheur de 53 ans, s’est ouvert dans la matinée devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. L’audience se poursuivait en début de soirée et la date du verdict n’est pas connue. Saïd Djabelkhir est accusé par sept avocats et un autre universitaire d' »offense aux préceptes de l’islam et aux rites musulmans ».

La loi punit de trois à cinq ans d’emprisonnement et/ou d’une amende « quiconque offense le prophète ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen ». »Je n’ai rien à me reprocher. J’ai tous les arguments pour me défendre », a déclaré à l’AFP avant le début de son procès ce spécialiste du soufisme, un courant mystique et ésotérique de l’islam.

Lors des débats, M. Djabelkhir a déclaré à la juge que « le but de (mes) publications est +l’Ijtihad+ ((l’effort de réflexion pour interpréter les textes fondateurs de l’islam.ndlr) et non pas le jihad (la guerre sainte) », selon les médias locaux.

Lors d’un récent entretien, le savant a confié à l’AFP qu' »un très grand effort de réflexion nouvelle sur les textes fondateurs de l’islam est nécessaire car les lectures traditionnelles ne répondent plus aux attentes, besoins et questionnements de l’Homme moderne ».

Diplômé en sciences islamiques, auteur de deux ouvrages traitant de la religion, M. Djabelkhir considère qu’il est « accusé par des personnes qui n’ont aucune compétence en matière de religion ».

Selon un de ses avocats, Me Seif El Islam Cherbal, la question clé que pose ce procès est comment juger de questions religieuses pointues sans être un spécialiste en la matière. Ce procès a été qualifié d' »inquisition » par un autre conseil de sa défense, Me Aouicha Bakhti.

« Nous sommes en train de débattre des idées dans un tribunal alors que les idées doivent être débattues en dehors du tribunal », a déclaré Me Bakhti aux journalistes.

– « Regard critique » -Un avis partagé par la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) qui a estimé dans un communiqué que ce procès « déplace un débat qui devait avoir lieu dans les enceintes des amphithéâtre universitaires, non dans les salles d’audience des tribunaux qui ne doivent en aucun cas se transformer en tribunaux d’inquisition ».

L’universitaire affirme qu’on lui reproche d’avoir rappelé que le sacrifice du mouton — tradition musulmane — a préexisté à l’avènement de l’islam, et critiqué certaines pratiques comme le mariage précoce des jeunes filles dans certaines sociétés musulmanes.

M. Djabelkhir a recueilli le soutien de nombreux collègues et hommes politiques algériens. Sur les réseaux sociaux, les internautes sont divisés. Ses défenseurs estiment qu’il s’agit d’un débat d’idées et que le chercheur donne son avis sur des questions relevant de sa spécialité.

A contrario, ses détracteurs lui reprochent d’avoir dénigré des versets du Coran et les cinq piliers de l’islam comme le « hajj », le pèlerinage à La Mecque. M. Djabelkhir affirme que ses propos ont été « intentionnellement mal interprétés dans le but de (lui) nuire ».

« Les wahhabites (qui se réclament d’un courant rigoriste de l’islam: ndlr), les salafistes, veulent imposer aux musulmans leurs lectures des textes comme étant la vérité absolue et c’est ce que je ne cesse de contester à travers mes écrits », a expliqué à l’AFP le chercheur, qui a déjà été au centre de plusieurs controverses avec des religieux ayant une vision fondamentaliste de l’islam.

Les textes religieux et leurs interprétations « ne sont pas un produit de consommation mais plutôt une matière sur laquelle il faut réfléchir et avoir un regard critique », a-t-il plaidé.

Dans son communiqué, la LADDH relève que la liberté de conscience a disparu du texte de la nouvelle Constitution algérienne adoptée en novembre à l’issue d’un référendum très massivement boycotté par la population.

AFP

Social Media Auto Publish Powered By : XYZScripts.com