L’émotion était à son comble lors de la 50ᵉ cérémonie des César quand Abou Sangaré, jeune acteur d’origine guinéenne, a été sacré Meilleur Espoir Masculin pour son rôle bouleversant dans L’Histoire de Souleymane, réalisé par Boris Lojkine. Une récompense qui vient saluer une performance poignante, mais aussi un parcours de vie exceptionnel.
D’un voyage périlleux à la lumière des projecteurs
Né en 2001 à Sinko, en Guinée, Abou Sangaré n’était pas prédestiné à fouler les tapis rouges. À 16 ans, il quitte son pays pour aider sa mère malade, entamant un périple éprouvant à travers le Mali, l’Algérie et la Libye, avant de traverser la Méditerranée et d’arriver en Italie. Finalement, il trouve refuge en France, à Amiens, où il construit son avenir en décrochant un diplôme en mécanique poids lourds.
Mais c’est le cinéma qui changera son destin. En 2023, alors qu’il travaille comme mécanicien, il est repéré lors d’un casting sauvage. Boris Lojkine, en quête d’un acteur capable d’incarner avec authenticité le rôle de Souleymane, jeune migrant devenu livreur à vélo à Paris, voit en lui l’évidence. Le tournage, intense et exigeant, est une révélation pour Abou Sangaré, qui y puise ses propres expériences.
Un talent brut qui crève l’écran
Dès les premières projections, la critique est unanime : Abou Sangaré crève l’écran. Sa justesse et son intensité frappent le public en plein cœur. À Cannes, il repart avec le Prix d’Interprétation Masculine dans la section Un Certain Regard. Les César suivent, confirmant l’ampleur de son talent.
Lorsqu’il monte sur scène pour recevoir sa récompense, l’émotion est palpable. Sa voix tremble, les mots peinent à sortir. Puis, cette phrase qui résonne comme un cri du cœur :
« Je ne me considérais plus comme un être humain… Merci à vous pour mon intégration au sein de l’humanité. »
Un avenir encore incertain mais prometteur
Si son talent est indéniable, Abou Sangaré doit encore faire face à des défis administratifs. Après plusieurs refus de régularisation, il obtient finalement un titre de séjour temporaire d’un an en janvier 2025, grâce à une promesse d’embauche en mécanique. Une situation précaire qui interroge sur la place des talents étrangers en France, même lorsqu’ils sont salués par l’industrie culturelle.
Son César pourrait-il faire basculer la balance ? De nombreux soutiens, du monde du cinéma et de la société civile, appellent à sa régularisation définitive. En attendant, Abou Sangaré rêve de nouveaux rôles et de raconter d’autres histoires, avec toujours cette sincérité brute qui l’a mené de l’ombre à la lumière.
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