Dans les collines aurifères du Ghana, des milliers de pelles creusent chaque jour dans la terre rouge. Ici, l’or n’est pas extrait par d’immenses machines, mais par des bras nus, des familles entières, et une économie parallèle qui fait vivre plus d’un million de personnes. Ce secteur, connu sous le nom d’exploitation artisanale et à petite échelle de l’or (ASGM), est devenu un enjeu crucial pour les autorités ghanéennes.
Alors que le pays cherche à sécuriser ses revenus miniers et à réduire l’impact environnemental du secteur, un grand rendez-vous est annoncé à Accra du 2 au 4 juin prochain : le sommet Mining in Motion . Ce forum de haut niveau, placé sous l’égide de l’ Ashanti Green Initiative , réunira des décideurs, des partenaires internationaux et des opérateurs du secteur autour d’une question centrale : comment donner un cadre légal, durable et rentable à l’or artisanal du Ghana ?
En 2024, les mineurs artisanaux ont produit plus de 40 % de l’or du pays, générant plus de 5 milliards de dollars à l’exportation . Mais derrière ces chiffres impressionnants, une réalité préoccupante : l’or s’échappe du pays par les circuits informels , privant l’État de ressources précieuses. Les pertes liées à la contrebande sont estimées à 2,3 milliards de dollars par an .
Pour inverser la tendance, le Ghana a lancé une série de réformes : création du Ghana Gold Board , projets de restauration des terres , simplification des licences , et surtout formalisation communautaire à travers les « Community Mining Schemes » .
Au cœur du sommet, un panel intitulé « Études de cas en formalisation de l’ASGM : apprendre des succès, répondre aux défis » réunira des représentants de la Commission des Minéraux , de la Banque mondiale , et des dirigeants du secteur ASGM. L’objectif ? Mettre en lumière des modèles qui fonctionnent, identifier les freins persistants, et faire émerger des solutions reproductibles dans d’autres régions du pays – voire au-delà.
Mais formaliser l’or artisanal ne se résume pas à des papiers ou à des circuits d’achat. Il s’agit aussi de former les mineurs , de les équiper , de préserver les terres dégradées , et d’insérer des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Le Ghana Land Restoration and Small-Scale Mining Project , soutenu par la Banque mondiale, vise justement à réconcilier croissance minière et durabilité environnementale .
Pour Oheneba Kwaku Duah , Prince du royaume Ashanti et président de l’Ashanti Green Initiative, ce sommet est plus qu’un rendez-vous technique : « C’est un moment pour revaloriser le rôle des communautés locales dans la chaîne aurifère , et leur offrir les outils pour s’émanciper économiquement dans un cadre légal. »
Accra se prépare donc à accueillir le monde minier avec une ambition claire : faire du Ghana un modèle de transition réussi vers un ou responsable , où l’artisanat devient une richesse nationale, maîtrisée, durable.
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