La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a condamné samedi les violences survenues ces derniers jours au Sénégal, appelant « toutes les parties à la retenue et au calme ».
Au moins quatre personnes ont été tuées au cours de scènes de guérilla urbaine opposant les forces de l’ordre et des groupes de jeunes réclamant la libération de l’opposant Ousmane Sonko, dont l’arrestation a libéré une exaspération accumulée devant la dureté des conditions de vie.
M. Sonko a été arrêté officiellement pour trouble à l’ordre public, alors qu’il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol portées contre lui par une employée d’un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.Personnalité au profil antisystème, le député crie au complot ourdi par le président Sall pour l’écarter de la prochaine présidentielle.
« La Commission de la Cédéao suit avec attention l’évolution de la situation au Sénégal et condamne les violences survenues dans plusieurs villes du pays qui ont entraîné des morts, des blessés et des destructions de biens », écrit-elle samedi dans un communiqué.
L’organisation « appelle toutes les parties à la retenue et au calme » et « invite les autorités à prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir les libertés de manifester pacifiquement, conformément aux lois en vigueur », ajoute-t-elle.
La Cédéao regroupe quinze pays d’Afrique de l’Ouest.Vendredi soir, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres s’est dit « très préoccupé » et a appelé « à éviter une escalade ».
Les tensions, dans un pays habituellement considéré comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, se sont intensifiées sans perspective apparente d’apaisement, la justice ayant maintenu M. Sonko en garde à vue.
Plusieurs quartiers de Dakar et de villes de l’intérieur ont connu des affrontements d’une ampleur inconnue depuis plusieurs années, bien que la riposte policière semble se limiter essentiellement aux moyens anti-émeutes.
L’arrestation, mercredi, de M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a provoqué la colère de ses partisans, mais aussi, disent de nombreux Sénégalais, porté à son comble les frustrations suscitées par les conditions de vie depuis la pandémie de Covid-19.
Dans la foule, beaucoup exprimaient leur ressentiment contre le président Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
AFP