Dans un environnement économique mondial marqué par la fragilité des finances publiques, la montée des dettes souveraines et les tensions géopolitiques, les Banques multilatérales de développement (BMD) poursuivent leur transformation pour répondre plus efficacement aux défis du développement durable. Réunies cette semaine sous la présidence de la Banque de Développement du Conseil de l’Europe (CEB), les principales institutions financières internationales ont dressé un bilan positif de leur coopération en 2025 et défini les grandes priorités pour l’année à venir.
Une coopération renforcée pour une efficacité accrue
Depuis le lancement de la Feuille de route du G20 pour des BMD meilleures, plus grandes et plus efficaces, les dirigeants de ces institutions ont cherché à harmoniser leurs approches et à travailler « en système ». La présidence de la CEB, exercée par Carlo Monticelli, a été marquée par une intensification des échanges interinstitutionnels, une plus grande transparence financière et une volonté de mutualiser les leviers de financement face aux besoins croissants des pays en développement.
Lors de la réunion, les dirigeants ont salué plusieurs avancées notables :
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La remise d’un rapport conjoint au G20 détaillant les progrès réalisés dans la réforme du système des BMD, notamment en matière de capacité de prêt, d’efficacité opérationnelle et de mobilisation de capitaux privés.
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La publication du premier “Rapport comparatif sur les BMD”, fruit des travaux du Forum mondial sur les risques et les finances (GRaFF), qui renforce la lisibilité et la comparabilité des performances financières des institutions.
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Une coopération approfondie avec les agences de notation afin de mieux valoriser la solidité financière des BMD et d’encourager une meilleure compréhension de leurs modèles économiques distinctifs.
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Le lancement d’initiatives conjointes sectorielles, notamment dans les domaines de la sécurité hydrique et des infrastructures sociales — santé, éducation, logement, accès à l’eau — secteurs considérés comme essentiels à la productivité et à la résilience des économies émergentes.
Des priorités centrées sur le capital privé et le climat
Les discussions ont également porté sur les mécanismes d’attraction du capital privé vers les projets de développement, un axe désormais central dans la stratégie commune des BMD. À travers la mise à jour de la base de données mondiale sur les risques des marchés émergents (GEM) et le déploiement du modèle financier « originate-to-share/distribute », les institutions visent à mieux partager le risque avec les investisseurs privés tout en garantissant des standards de gouvernance solides.
En parallèle, les dirigeants ont réaffirmé leur engagement en faveur du financement climatique, à l’approche de la COP30 prévue en novembre 2025 à Belém, au Brésil. Les BMD joueront un rôle clé pour aider leurs pays partenaires à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions et de résilience face au changement climatique.
À l’issue de la réunion, les participants ont tenu un échange stratégique avec Rafael Grossi, Directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), autour des perspectives de l’énergie nucléaire civile comme levier de transition énergétique sûre et décarbonée.
Une transition symbolique du leadership vers l’Asie
La présidence du groupe des BMD passera en décembre 2025 de la Banque de Développement du Conseil de l’Europe à la Banque asiatique de développement (BAD). Ce passage de témoin reflète la montée en puissance de l’Asie dans la gouvernance financière mondiale et l’importance croissante de la région dans le financement des infrastructures et de la transition énergétique.
En saluant la vision et le leadership de Carlo Monticelli, les dirigeants des BMD ont souligné la nécessité de poursuivre cette dynamique collective. La coopération accrue entre les institutions multilatérales vise à bâtir un écosystème financier mondial plus résilient, capable de relever les défis du climat, de la croissance inclusive et de la stabilité économique.
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