Les Guinéens se rendent aux urnes ce dimanche pour se prononcer sur un projet de nouvelle Constitution, dans un climat marqué par la méfiance et les divisions politiques. Présenté par la junte comme une étape décisive vers le retour à l’ordre constitutionnel, ce référendum suscite toutefois de vives critiques de l’opposition et de plusieurs organisations internationales.
Le texte propose d’instaurer un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, tout en maintenant un régime fortement présidentiel. Il introduit également un Sénat, transformant le Parlement en une institution bicamérale.
Mais la disposition la plus controversée concerne la possibilité pour les membres actuels de la transition, dont le général Mamadi Doumbouya, de briguer la magistrature suprême. Cette ouverture, perçue comme un mécanisme de légitimation du pouvoir militaire, est dénoncée par l’opposition comme une « confiscation de la souveraineté populaire ».
Près de 6,7 millions d’électeurs étaient appelés à voter dans plus de 23 000 bureaux de vote. Pour assurer le déroulement du scrutin, les autorités ont mobilisé plus de 45 000 agents de sécurité et instauré une interdiction de circulation sur tout le territoire durant la journée électorale.
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a déployé une mission d’observation, tandis que des diplomates occidentaux ont exprimé leur vigilance face aux risques de tensions post-électorales.
Les principaux partis politiques, dont ceux de l’ancien président Alpha Condé et de l’opposant historique Cellou Dalein Diallo, restent suspendus. Écartés du processus, leurs responsables appellent la population à boycotter le vote, qualifiant le référendum de « mascarade démocratique ».
Des organisations de défense des droits humains soulignent par ailleurs un climat répressif, marqué par des arrestations arbitraires, des restrictions imposées à la presse et des disparitions forcées.
Pour ses partisans, ce référendum représente l’occasion de doter la Guinée d’institutions « modernes et stables ». Pour ses opposants, il s’agit d’une tentative de prolonger le pouvoir militaire sous une nouvelle façade.
Les résultats provisoires sont attendus dans moins de 48H. Leur annonce par la DGE (Direction générale des élections) pourrait constituer un moment de vérité pour la transition guinéenne, observée de près par la communauté internationale.
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