La Guinée se prépare à un rendez-vous électoral crucial en 2025. Après plusieurs années de transition politique, le gouvernement a réaffirmé son engagement à organiser des élections présidentielles et législatives. Toutefois, de nombreux défis persistent, notamment la mise en place d’un fichier électoral fiable et consensuel. Le Premier ministre Amadou Oury Bah lors d’une conférence de presse ce mercredi, a souligné l’importance d’une démarche rigoureuse et inclusive pour garantir la crédibilité du scrutin.
Un retour à l’ordre constitutionnel inévitable
Depuis la prise de pouvoir par le CNRD en 2021, la question du retour à l’ordre constitutionnel est au centre des débats. Amadou Oury Bah a tenu à rassurer l’opinion publique et la communauté internationale sur la tenue effective des élections en 2025 : « En 2025, le retour à l’ordre constitutionnel sera effectif. Nous organiserons les élections présidentielles et législatives ». Cette déclaration vient confirmer la volonté des autorités de respecter le chronogramme électoral établi.
Cependant, la principale difficulté reste la constitution du fichier électoral, un point de discorde récurrent dans l’histoire politique du pays. « Depuis le début du processus de démocratisation, nous n’avons pas réussi jusqu’à présent à avoir un fichier électoral suffisamment consensuel pour que tout le monde y aille sans se dire : ‘Tiens, le fichier est corrompu », a reconnu le Premier ministre. Cette problématique met en lumière la nécessité d’un travail approfondi pour restaurer la confiance des acteurs politiques et des électeurs.
Le fichier électoral : un enjeu crucial
L’un des défis majeurs de ces élections réside dans l’élaboration d’un fichier électoral crédible. Pour éviter les erreurs du passé, le gouvernement a décidé d’adosser le fichier électoral au recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC). Cette approche vise à garantir une meilleure transparence et une fiabilité accrue des données électorales.
Toutefois, ce processus est complexe et nécessite du temps. « Certains experts ont indiqué que cette opération a pris six à huit ans dans d’autres pays pour être finalisée », a rappelé Amadou Oury Bah. Conscient de l’urgence de la situation, il a assuré que des efforts sont en cours pour accélérer la mise en œuvre du recensement tout en préservant son intégrité.
Par ailleurs, le Premier ministre a insisté sur l’importance d’une concertation permanente avec les partis politiques et les organisations de la société civile. « J’ai indiqué notamment hier au ministre de l’Administration du Territoire, qui est en charge du processus électoral, de convoquer le comité de pilotage pour que tous les partis impliqués dans ce processus puissent être informés et participer aux discussions », a-t-il déclaré. Cette démarche vise à garantir l’inclusivité et à éviter toute suspicion de manipulation des données électorales.
Un processus électoral sous haute surveillance
Le gouvernement guinéen sait que ces élections seront scrutées de près par la communauté internationale et par les citoyens eux-mêmes. Amadou Oury Bah a insisté sur la nécessité d’un processus rigoureux et structuré. « Nous devons organiser des élections transparentes et crédibles afin de permettre à notre pays de retrouver sa pleine légitimité institutionnelle », a-t-il affirmé.
Dans cette perspective, le comité de pilotage du processus électoral joue un rôle clé. Il est chargé d’assurer le suivi des opérations de recensement et de garantir un climat apaisé avant, pendant et après le scrutin. Le Premier ministre a appelé tous les acteurs politiques à faire preuve de responsabilité et à éviter toute forme de discours pouvant fragiliser la cohésion nationale. « La responsabilité, c’est savoir qu’il y a une limite aux déclarations, aux appels et aux attitudes », a-t-il martelé.
La question de la candidature du Président
L’un des points sensibles du débat politique actuel est la possibilité d’une candidature du Président de la transition aux prochaines élections. Sur cette question, Amadou Oury Bah est resté prudent, tout en rappelant que la décision finale reviendra au Chef de l’État en fonction des dispositions de la future Constitution. « Le général Mamadi Doumbouya, en fonction de ce qui sera adopté par la Constitution, s’exprimera le moment venu pour savoir s’il est candidat ou pas », a-t-il expliqué.
Il a toutefois tenu à préciser que « le Premier ministre, chef du gouvernement, sera en phase avec le Président de la République ». Cette déclaration laisse entendre que toute décision prise à ce sujet sera alignée avec la vision du Chef de l’État et les intérêts du pays.
La Guinée a souvent été marquée par des tensions électorales. Pour éviter que l’histoire ne se répète, le gouvernement mise sur une approche participative et inclusive. « Nous voulons organiser des élections crédibles, transparentes et acceptées par tous », a assuré Amadou Oury Bah.
Le dialogue entre les différents acteurs politiques et sociaux est essentiel pour garantir un climat serein. Dans ce sens, des concertations régulières sont prévues avec les partis politiques, la société civile et les institutions internationales afin d’assurer un processus électoral libre et équitable.
En définitive, l’organisation des élections de 2025 constitue une étape décisive pour la Guinée. Si le gouvernement affiche une volonté ferme de respecter les engagements pris, la réussite de ce processus dépendra de la capacité des institutions à surmonter les défis techniques et politiques qui se dressent sur leur chemin. « Nous devons tout mettre en œuvre pour que notre pays retrouve sa pleine légitimité institutionnelle et démocratique », a conclu le Premier ministre.
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