Accusé d’attentat et de complot contre l’autorité de l’Etat ivoirien, Guillaume Soro, député et ancien chef de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, encourt « un emprisonnement à vie », a dit jeudi le procureur de la République, Richard Adou.
« Comme sanctions encourues l’attentat et le complot contre
l’autorité de l’Etat, c’est l’emprisonnement à vie. En la matière, c’est
la peine maximale de l’infraction la plus gravement réprimée qui est
appliquée », a dit Richard Adou face à la presse, ajoutant que c’est le
juge qui décidera à l’issue du procès.
M. Guillaume Soro, actuellement hors de la Côte d’Ivoire après un
retour avorté, est accusé d’ « acte d’attentat et de complot contre
l’autorité de l’Etat, de l’intégrité du territoire, et de blanchiment de
capitaux ».
Dans un enregistrement
sonore, présentant deux personnes en conversation, le procureur a
attaché des propos à des déclarations de M. Soro : « Hamed a essayé de
faire un tour, mais les gens vont basculer. Il y a aura quelques-uns,
les pro-IB qui ne seront pas avec nous, mais dans ces genres d’actions,
c’est la puissance de feu qui rallie tout le monde ».
« On ne va pas commencer là-bas (Bouaké) mais les gens sont très
sereins, c’est nous qui les calmons, on veut que ça tombe dans une
situation assez intéressante pour que ça ne soit pas du n’importe quoi
», ajoute-t-il dans les échanges.
Poursuivant, il laisse entendre « on a la télécommande, c’est pourquoi ce qui va se faire en amont avec la communication, qui va discréditer le régime et tout, mais je retiens que j’ai un délai à ne pas dépasser d’un an. En fait, il faut minimiser les coûts humains, le sang et tout ça, si on doit s’entretuer, ça va s’enliser ».
« A part Zacharia, les com zones (ex-commandants de zone de
l’ex-rébellion) ne vont pas réagir, ils essaient de récupérer les com
zones, mais ça ne marche pas, on les a infiltrés, tout ce qu’on dit à un
com zone, je suis informé. Ils ont réussi à récupérer un com zone sur
dix », poursuit-il.
Selon le procureur de la République « dans le but de mettre en œuvre
leur funeste dessein, certains soutiens de M. Soro dont des
Parlementaires, sous le prétexte que l’avion de ce dernier aurait été
dérouté par les autorités aéroportuaires diffusaient de fausses
nouvelles et appelaient à l’insurrection populaire ». De ce fait, ils
ont été interpellés.
« Vu la gravité des faits et en raison de la flagrance de ceci, j’ai
immédiatement ordonné à la direction de la surveillance du territoire de
procéder à la recherche et à l’arrestation de tous les mis en cause », a
laissé entendre M. Richard Adou.
Il a fait savoir que ce sont les services de renseignement ivoiriens
qui ont pu « intercepter des audio et trouver des personnes qui
s’apprêtaient à venir porter un coup aux institutions de la République
», alors une information judiciaire a été ouverte pour poursuivre les
investigations.
Avant l’atterrissage de l’avion de M. Soro, le 23 décembre 2013, « nous avons donné mandat aux services de renseignement et aux officiers de police judiciaire d’interpeller tous ceux dont nous avons l’assurance qui avaient participé à ce complot », a-t-il dit, expliquant les arrestations survenues.
Une commission rogatoire a donnée aux officiers de police judiciaire
afin d’appréhender les personnes impliquées et de faire des
perquisitions dans les domiciles pour pouvoir rassembler les preuves et
les indices, a-t-il souligné.
« Dans ce cadre, nous avons vu certaines personnes s’empresser
d’aller déménager des armes dans certains domiciles et c’est ainsi que
nous avons pu appréhender ces armes, malheureusement ces personnes
avaient pris la clé des champs », a indiqué le procureur de la
République qui a cité des armes saisies.
Ces armes sont « 16 téléphones, neuf puces téléphoniques, un lot de
matériel de communication radio, cinq gilets par balles, quatre
treillis, trois mitrailleuses de types 12/7, six caissettes de munition
de 12/7, quatre RPG 7, 13 roquettes, quatre missiles anti-chars, 59
paquets de munitions A4, 19 chargeurs de kalachnikov AK47, 14
kalachnikovs AK47…».
Par ailleurs, le Trésor public ivoirien a déposé la plainte le 20
décembre 2019 pour une affaire qui a commencé en 2007 où M. Soro a été
admis dans une maison achetées avec des fonds « sortis des caisses du
Trésor public pour acquérir » ce bien immobilier pour le compte de
l’Etat de Côte d’Ivoire.
Le 23 décembre 2019, le procureur de la République a annoncé un mandat d’arrêt requis contre M. Soro qui projetait d’attenter à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national. Il est également accusé de recel de détournement de dénier public et de blanchiment de capitaux.
Source : apanews.net