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Soudan : la déflagration silencieuse qui menace toute la région

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Pendant plus de 500 jours, El Fasher a tenu bon, ultime bastion de l’armée soudanaise dans le Darfour. Aujourd’hui, la ville est tombée. Les combattants du RSF, héritiers des milices Janjawid, ont investi chaque rue, chaque maison. Fletcher parle de « rapports crédibles d’exécutions massives » et d’hôpitaux pris pour cibles dont celui de la maternité saoudienne, où près de 500 patients et accompagnants ont été massacrés.

Les survivants fuient vers Tawila, à 50 kilomètres, marchant entre les cadavres et les flammes. Femmes, enfants, vieillards : ceux qui échappent aux balles affrontent la faim, les viols, l’extorsion. Leurs visages, épuisés et muets, sont devenus le miroir d’un pays à genoux.

« Plus personne n’est en sécurité à El Fasher », prévient Martha Pobee, la numéro deux de l’ONU pour l’Afrique. Les drones frappent à l’aveugle, du Kordofan au Nil Bleu, tandis que le conflit s’étend, comme une tache de sang sur la carte.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme recense des massacres ethniques, des exécutions sommaires, des représailles ciblées. À Bara, 50 civils ont été tués en quelques jours, dont cinq volontaires du Croissant-Rouge. Les promesses de protéger les civils ne sont plus que des mots.

Vingt ans après les crimes qui avaient bouleversé le monde, l’Histoire semble rejouer la même tragédie. Mais cette fois, sans la même indignation. « Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une crise d’indifférence », lâche Fletcher. « Le monde a failli à toute une génération. »

Depuis avril 2023, le Soudan s’enfonce dans une guerre née d’un duel de pouvoir entre l’armée nationale (SAF) et les paramilitaires du RSF. Un duel devenu guerre totale, où la faim, le siège et le viol sont des armes.

Plus de quatre millions de Soudanais ont franchi les frontières vers le Tchad, le Soudan du Sud et la Centrafrique, tandis que 24 millions d’autres luttent pour manger. Dans les camps de fortune, des enfants faméliques et des mères en larmes racontent un même cauchemar : les morts laissés derrière eux, les villages disparus.

À Tawila, les équipes de secours disent voir « des gens qui ne parlent plus », des corps qui marchent encore mais dont les regards ont déserté.

Fletcher a conclu son adresse au Conseil de sécurité par une image terrible :

« Regardez les images satellites d’El Fasher : du sang sur le sable. Et regardez notre inaction : du sang sur les mains. »

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