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Soudan: la contestation accuse les généraux d’avoir réprimé dans le sang des manifestations

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Trois corps ont été découverts lundi près de la capitale soudanaise, la contestation accusant les généraux au pouvoir d’avoir réprimé dans le sang les manifestations de masse organisées la veille pour un transfert du pouvoir aux civils.

Le conseil militaire de transition, qui tient les rênes du pays depuis la destitution en avril du président Omar el-Béchir, a de son côté fait porter la responsabilité des violences au principal mouvement de la contestation. Sept personnes ont été tuées dimanche et plus de 180 blessées selon les autorités, dans les manifestations de masse à Khartoum et dans le reste du pays qui ont attiré des dizaines de milliers de personnes.

Ces rassemblements sont les plus importants depuis la dispersion meurtrière le 3 juin d’un sit-in établi devant le QG de l’armée à Khartoum, un drame ayant fait des dizaines de morts et provoqué un tollé international.

L’ampleur de la mobilisation est un pari gagné pour la contestation, qui démontre qu’elle a gardé intacte sa capacité à rallier, malgré un déploiement sécuritaire important et un blocage d’Internet imposé depuis près d’un mois.

Lundi matin à Omdourman, ville voisine de Khartoum qui a connu une mobilisation particulièrement forte, trois corps ont été découverts, a constaté un correspondant de l’AFP.

Un attroupement s’est formé autour des victimes et la foule a commencé à scander « A bas, à bas » les militaires, slogan utilisé depuis décembre pour réclamer l’éviction de M. Béchir et aujourd’hui du Conseil militaire.

Ils ont été rapidement dispersés par la police qui a tiré des gaz lacrymogènes, selon le correspondant.

« Violence excessive »

Un leader du mouvement de contestation a salué la mobilisation de dimanche, accusant les généraux d’être responsables des morts.

« Le Conseil militaire est totalement responsable pour ces vies (perdues) et ces blessés », a asséné Mohammed Naji al-Assam, dans une vidéo postée dimanche soir sur Facebook par son mouvement, l’Association des professionnels soudanais.

« Une nouvelle fois, comme à plusieurs reprises, les manifestants pacifiques soudanais ont été la cible d’une violence excessive, des tirs à balle réelle », a ajouté le militant.

Dimanche, la police avait tiré des gaz lacrymogènes, notamment sur des centaines de manifestants appelés par la contestation à marcher sur le Palais présidentiel, où siège le conseil militaire.

Des échauffourées ont eu lieu à environ 700 mètres du palais et au moins 25 véhicules des paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) sont arrivés en renfort, selon un journaliste de l’AFP.

Dimanche, un comité de médecins proche de la contestation avait fait état de cinq morts dans le pays.

« Il y a également de nombreux blessés graves touchés par les balles des milices du Conseil militaire », d’après la même source.

De son côté, l’agence officielle Suna avait assuré que dix membres des forces régulières ont été blessés, dont trois paramilitaires des RSF touchés par balle.

« Violations »

Les décès de dimanche portent à 133 le nombre de victimes depuis la dispersion sanglante du sit-in le 3 juin, qui avait fait à elle seule environ une centaine de morts selon le comité de médecins.

De leur côté les autorités rapportent 68 morts depuis le 3 juin.

Le conseil militaire a assuré que les forces régulières avaient fait preuve de « retenue » dimanche. Il a dénoncé les manquements de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, qui avait appelé à la mobilisation.

« L’ALC a violé ses engagements et a incité les manifestants à se diriger vers le palais (présidentiel) et le QG de l’armée », a asséné le général Jamal Omar, dans une vidéo postée par le conseil sur Facebook.

L’ALC « porte l’entière responsabilité de ces violations et des victimes parmi les forces régulières et les citoyens », a-t-il ajouté.

La contestation au Soudan a été déclenchée initialement par le triplement en décembre du prix du pain dans un pays pauvre à l’économie exsangue.

Les manifestations ont rapidement pris une tournure politique en réclamant l’éviction du général Béchir, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis près de trois décennies.

Aujourd’hui malgré le bras de fer, les chefs de la contestation et le Conseil militaire se disent ouverts à une reprise des négociations, à travers une médiation de l’Ethiopie et de l’Union africaine, pour dessiner les grandes lignes de la transition à venir.

AFP

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