L’économie somalienne continue de faire preuve d’une remarquable résilience, malgré les défis liés à la baisse de l’aide internationale et aux chocs climatiques. Le Fonds monétaire international (FMI) et les autorités somaliennes ont annoncé avoir conclu un accord au niveau des services sur la quatrième revue du programme soutenu par la Facilité élargie de crédit (FEC), confirmant ainsi la poursuite des réformes structurelles engagées par le pays.
L’accord, qui doit encore être approuvé par le Conseil d’administration du FMI, marque une étape importante dans la mise en œuvre du programme adopté en décembre 2023. Il permettra à la Somalie d’accéder à de nouvelles ressources financières destinées à soutenir ses politiques de stabilisation et de développement, dans un contexte de fragilité économique.
Une économie résiliente, mais sous pression
Après une croissance robuste estimée à 4,1 % en 2024, le FMI prévoit un léger ralentissement de l’activité économique, avec une progression du PIB comprise entre 3 % et 3,3 % sur la période 2025-2026. Cette décélération s’explique par la réduction des aides extérieures et les conditions climatiques défavorables qui pèsent sur l’agriculture et la sécurité alimentaire.
L’inflation devrait rester contenue à 3,5 %, mais les prix des denrées alimentaires connaissent des tensions persistantes. « Malgré un environnement économique difficile, les autorités somaliennes restent fermement engagées à maintenir la discipline budgétaire et à accroître les recettes intérieures », a déclaré Ran Bi, chef de mission du FMI, à l’issue des discussions menées du 16 septembre au 8 octobre à Mogadiscio.
Une demande d’appui supplémentaire
Pour amortir les effets des chocs économiques, les autorités somaliennes ont demandé une augmentation de l’accès au financement de la FEC, à hauteur de 30 millions de DTS (environ 40 millions de dollars). Ce montant sera décaissé en deux tranches égales lors des quatrième et cinquième revues du programme.
L’approbation du Conseil du FMI permettrait un décaissement immédiat d’environ 22,5 millions de DTS (30 millions de dollars), portant le total des financements déjà versés à près de 100 millions de dollars.
Des réformes structurelles en progrès
La Somalie poursuit ses réformes fiscales et institutionnelles : modernisation des douanes, mise en œuvre d’une nouvelle loi sur l’impôt sur le revenu, et amélioration de la collecte de la TVA et de l’impôt sur les sociétés. Le gouvernement prévoit un déficit budgétaire limité à 0,3 % du PIB en 2025, et autour de 0,75 % en 2026, tout en finançant davantage de dépenses sociales, sécuritaires et électorales.
Le Banque centrale de Somalie (CBS) continue de renforcer son cadre réglementaire et institutionnel, de promouvoir l’inclusion financière et de préparer la réforme monétaire nationale, notamment à travers le futur système de caisse d’émission. Les progrès se poursuivent également dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Le soutien international, clé de la stabilité future
Le FMI souligne que la réussite du programme repose sur la poursuite de l’aide multilatérale et bilatérale. « L’assistance internationale reste cruciale pour accompagner les efforts des autorités, compte tenu des incertitudes et des risques importants auxquels le pays reste exposé », a rappelé Mme Bi.
De son côté, le ministre somalien des Finances, Bihi Egeh, a réaffirmé la volonté du gouvernement de maintenir le cap des réformes et d’utiliser les ressources disponibles pour protéger les populations les plus vulnérables.
En dépit des vents contraires, la Somalie semble déterminée à consolider sa trajectoire économique. La conclusion de cet accord avec le FMI envoie un signal fort : celui d’un pays qui, pas à pas, poursuit son redressement et renforce sa crédibilité sur la scène financière internationale.