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Sénégal : des familles déplacées par les inondations laissées pour compte à Khar Yalla

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Neuf ans après avoir été déplacées de la Langue de Barbarie à la suite de violentes inondations côtières, près d’un millier de personnes vivent toujours dans des conditions précaires à Khar Yalla, un site reconnu comme impropre à l’habitation permanente. Selon un rapport publié par Human Rights Watch (HRW), les autorités sénégalaises ont manqué à leurs obligations en excluant ces familles d’un projet de relogement financé par la Banque mondiale, aggravant ainsi la violation de leurs droits fondamentaux.

Ces familles de pêcheurs, déracinées par les marées de 2015 et 2016 qui ont ravagé leurs habitations, avaient été transférées en urgence à Khar Yalla avec la promesse d’une solution temporaire. Neuf ans plus tard, elles vivent toujours dans des maisons surpeuplées, sans électricité, ni système d’évacuation des déchets, dans une zone inondable où les eaux usées envahissent les habitations à chaque saison des pluies.

« Khar Yalla illustre comment une planification insuffisante des relocalisations liées au climat peut entraîner un déplacement prolongé, au lieu d’offrir des solutions durables », a déclaré Erica Bower, chercheuse sur les déplacements climatiques à HRW.

Droits bafoués et promesses non tenues

Le rapport de 72 pages, intitulé « Waiting for God », met en lumière de graves atteintes aux droits économiques, sociaux et culturels des familles concernées. Un tiers des enfants n’est pas scolarisé, de nombreux habitants n’ont pas accès aux soins de santé et la plupart vivent en dessous du seuil de pauvreté. Le manque de moyens de transport vers la Langue de Barbarie, où ils tentaient de maintenir leurs activités de pêche, a également fragilisé leurs revenus et leurs traditions culturelles.

Khady Gueye, leader communautaire de Khar Yalla, déplore l’abandon des pouvoirs publics : « Nous avons parfois demandé si les autorités nous considéraient comme des êtres humains. »

Exclusion du projet de relocalisation

En parallèle, le gouvernement sénégalais et la Banque mondiale ont lancé le projet « Saint-Louis Emergency Recovery & Resilience », visant à reloger 15 000 personnes vulnérables dans un nouveau site à Djougop. Si certaines familles déplacées en 2017 et 2018 et temporairement hébergées à Khar Yalla ont pu en bénéficier, celles affectées dès 2015 et 2016 n’ont pas été incluses.

Cette inégalité de traitement soulève de vives inquiétudes. « Pour rester un leader en matière d’adaptation climatique, le Sénégal doit mettre fin aux violations de droits à Khar Yalla et planifier l’avenir », a insisté Fatoumata Kine Mbodji de l’organisation Lumière Synergie pour le Développement.

Recommandations urgentes

Human Rights Watch exhorte le Sénégal à :

  • Reloger de toute urgence les familles de Khar Yalla dans un site respectueux des droits humains ;

  • Améliorer sans délai leurs conditions de vie actuelles ;

  • Adopter une politique nationale de relocalisation climatique garantissant la consultation des populations et des critères clairs de sélection des sites.

L’organisation appelle également la Banque mondiale à adapter ses politiques pour inclure les déplacés de longue durée dans ses projets, soulignant que les relocalisations planifiées seront de plus en plus fréquentes avec l’accélération de la crise climatique.

« Les familles de Khar Yalla sont le symbole d’une injustice climatique et sociale. Leur situation ne peut plus être ignorée », conclut HRW.

Imedias.net

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