Le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ex-président Laurent Gbagbo a lancé lundi à Abidjan l’“opération inondation électorale”, pour inciter ses militants à s’inscrire massivement sur les listes en vue des prochaines élections présidentielle et législatives dans cinq mois.*
“Le comité électoral du FPI met en mission 206 délégations à l’assaut de tout le territoire national et de la diaspora ivoirienne en vue de la sensibilisation et de la mobilisation des militants et des électeurs”, explique le parti dans un communiqué.
Cette vaste mission sur trois jours, du 5 au 7 juin, a pour objectif “l’acquisition des documents administratifs (notamment de cartes d’identité) par les militants et électeurs en vue de leur inscription sur la liste électorale 2020”, selon le texte.
Le FPI pro-Gbagbo poursuit son changement de stratégie annoncé fin 2019, après avoir boycotté les élections depuis 2011 et la chute de Laurent Gbagbo puis son transfèrement à la Cour pénale internationale (CPI).
Le parti s‘était scindé en deux factions : d’un côté les “Gbagbo ou rien (GOR)”, de l’autre des “rénovateurs” représentés par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan qui continuaient de participer à la vie politique.
Le 30 avril, les deux principaux partis d’opposition ivoiriens, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ancien président Henri Konan Bédié et le FPI pro-Gbagbo ont signé un “accord politique” en vue des élections présidentielle et législatives prévues fin octobre, sans toutefois parler d’alliance.
Les deux partis avaient assuré fin décembre 2019 qu’ils présenteraient tous deux des candidats à la présidentielle.
Une présidentielle qui s’annonce tendue
L‘éventuel retour de Laurent Gbagbo, en liberté conditionnelle en Belgique, est une des grandes inconnues de la politique ivoirienne. Acquitté en première instance de crimes contre l’humanité par la CPI, M. Gbagbo doit attendre que la Cour statue sur l’appel du parquet qui a contesté le verdict.
Deux candidats à la présidentielle se sont déjà déclarés.
Le parti au pouvoir a désigné en mars le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, proche du président Alassane Ouattara.
L’ancien chef rebelle Guillaume Soro, ex-allié du président Ouattara, s‘était déclaré le premier mais fait face à plusieurs procédures judiciaires et vit en exil en France.
Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait quelque 3.000 morts, la présidentielle d’octobre 2020 s’annonce tendue en Côte d’Ivoire. Les élections municipales et régionales de 2018 avaient été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.
AFP