Le vent était doux ce matin sur la place Saint-Pierre, mais l’air, lui, semblait plus lourd qu’à l’accoutumée. À 7h35, le souffle de Jorge Mario Bergoglio, devenu François, s’est arrêté. Le monde catholique, et bien au-delà, vient de perdre un homme dont la voix, affaiblie ces dernières semaines, a pourtant résonné plus fort que beaucoup d’autres dans le tumulte de notre époque.
Un mois seulement après sa sortie de l’hôpital Gemelli de Rome, où il luttait contre une double pneumonie, le Saint-Père s’est éteint à l’âge de 88 ans. Sa dernière apparition publique, ce dimanche de Pâques, n’était pas une allocution. Juste une présence. Un geste. Une bénédiction. Quelques mots à peine, murmurés à la foule, comme pour dire au revoir sans le dire.
« À 7h35 ce matin, l’évêque de Rome, François, a rejoint la maison du Père. »
— Cardinal Kevin Farrell, Vatican TV
Un homme de gestes simples, aux réformes profondes
Élu en 2013, à la suite de la renonciation de Benoît XVI, François avait marqué l’histoire dès le premier instant. Premier pape non européen depuis plus d’un millénaire. Premier jésuite. Premier pape venu d’Amérique latine. Et surtout, un homme décidé à faire descendre l’Église dans la rue, là où vivent les pauvres, les exclus, les migrants. Ceux qu’il appelait « les visages oubliés de notre monde pressé. »
Il a bousculé les habitudes, les dorures, les certitudes. Il a irrité certains, enthousiasmé beaucoup d’autres. Il a ouvert les portes, parfois timidement, souvent courageusement, à des débats sur l’accueil des personnes LGBTQ+, le rôle des femmes dans l’Église, ou encore la transparence financière du Vatican. Toujours fidèle à cette conviction : l’Évangile ne se proclame pas depuis un trône, mais depuis la périphérie.
Une fin discrète, une lumière durable
Ces dernières semaines, François semblait s’effacer. Lentement, avec humilité. Lui qui n’aimait ni les projecteurs ni les titres pompeux, a quitté ce monde comme il l’a traversé : avec pudeur. Son dernier grand moment public fut sa rencontre, la veille de Pâques, avec le vice-président américain J.D. Vance. Quelques minutes seulement. Mais suffisantes pour rappeler que jusqu’au bout, il aura voulu tendre des ponts plutôt que creuser des fossés.
Un héritage vivant
François laisse derrière lui un héritage immense, pas seulement pour l’Église, mais pour l’humanité. Il a incarné un pontificat du dialogue, de la paix, de la justice sociale. Son encyclique Laudato si’, sur la sauvegarde de la planète, reste l’un des textes les plus puissants du XXIe siècle sur l’écologie intégrale.
Il s’en est allé à l’aube, quand le monde s’éveille. Peut-être parce qu’il croyait, plus que tout, à la lumière après l’obscurité.
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