Les chiffres sont glaçants : 230 millions de femmes et de filles à travers le monde ont été victimes de mutilations génitales féminines/excision (MGF/E), selon un rapport accablant publié par Equality Now en 2025. Contrairement aux idées reçues, cette pratique ne concerne pas uniquement l’Afrique : elle est documentée dans au moins 94 pays, y compris en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique latine et en Europe.
Alors que la communauté internationale s’est engagée à éradiquer les MGF/E d’ici 2030 dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU, la réalité est tout autre : le nombre de filles excisées chaque année continue d’augmenter.
Des avancées freinées par des résistances croissantes
Ces dernières années, plusieurs pays ont adopté ou renforcé leur législation contre les MGF/E. L’Indonésie est ainsi devenue le premier pays d’Asie à interdire la pratique en 2024. La Finlande, la Pologne et les États-Unis ont également renforcé leur arsenal législatif.
Mais ces progrès restent fragiles face à la montée des mouvements conservateurs. En Gambie, un projet de loi visant à légaliser à nouveau les MGF/E a failli être adopté en 2024. En Éthiopie, une fatwa récente autorise la médicalisation de l’excision, une stratégie pernicieuse qui légitime cette mutilation au nom de la santé publique.
Le plus inquiétant : les avancées sont bien trop lentes. Selon le rapport, le rythme actuel est 27 fois trop lent pour espérer une éradication d’ici 2030.
Un manque cruel de financements et de volonté politique
Si la communauté internationale veut véritablement mettre fin aux MGF/E, elle doit y mettre les moyens. L’ONU estime qu’un investissement de 3,3 milliards de dollars est nécessaire pour éradiquer cette pratique dans les 31 pays prioritaires. Or, à ce jour, seulement 275 millions sont disponibles, moins de 10 % des besoins réels.
De plus, seuls 59 pays sur 94 ont une loi spécifique interdisant les MGF/E, laissant des millions de filles sans protection. Le manque d’engagement politique et la persistance des tabous culturels perpétuent ce crime silencieux, bien souvent relégué au second plan par les gouvernements.
Les auteurs du rapport appellent les gouvernements, les institutions internationales et la société civile à :
- Adopter et appliquer des lois strictes contre les MGF/E.
- Lutter contre la médicalisation de cette pratique qui la rend plus insidieuse.
- Multiplier les campagnes d’éducation et de sensibilisation pour briser les tabous.
- Investir massivement pour protéger les filles et accompagner les survivantes.
Chaque année, 4,6 millions de filles risquent d’être excisées, souvent avant l’âge de 15 ans. Chaque jour d’inaction condamne des milliers d’entre elles à une mutilation irréversible, douloureuse et parfois mortelle.
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