Le Parlement sénégalais a adopté une loi établissant un statut et une protection pour les lanceurs d’alerte, une initiative considérée comme un tournant dans la lutte contre la corruption et pour le renforcement de la bonne gouvernance.
Cette nouvelle législation vise à encourager les Sénégalais à dénoncer la fraude et les mauvaises pratiques en garantissant leur sécurité. Elle prévoit une protection intégrale contre les représailles et assure l’anonymat, consolidant ainsi la transparence au sein des administrations publiques et privées.
Elle prévoit également un fonds spécial de recouvrement des biens issus de la fraude, de la corruption, des crimes et des délits économiques. Ce fonds servira à financer des projets sociaux ainsi que toute activité de lutte contre la corruption, a indiqué le ministre de la Justice, Ousmane Diagne.
Ce fonds servira à récompenser les lanceurs d’alerte à hauteur de dix pour cent des montants recouvrés grâce à leurs signalements. Cependant, la récompense n’est accordée que si les informations aboutissent à des résultats probants, tels qu’une condamnation définitive.
Des sanctions sont prévues contre les dénonciations calomnieuses. Le ministre de la Justice a rappelé que les lanceurs d’alerte diffusant de fausses informations s’exposent, dans certains cas, à des sanctions allant de six mois à cinq ans de prison, assorties d’une amende.
Le Sénégal devient le premier pays d’Afrique subsaharienne francophone à se doter d’une loi spécifique sur la protection des lanceurs d’alerte. La loi s’inscrit dans le cadre des engagements internationaux du pays, notamment la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption.
Selon l’indice mondial de perception de la corruption 2024, le Sénégal affiche un niveau de corruption modéré à élevé. En mai dernier, cinq ministres du précédent gouvernement ont été inculpés pour corruption, notamment dans la gestion des fonds Covid-19 et d’autres affaires de détournement.
dpa