À Abidjan, lors du Forum pour la résilience en Afrique (ARF 2025), la question de la sécurité alimentaire a pris une dimension nouvelle : placer les agriculteurs au cœur de la paix et du développement. Réunis du 1er au 3 octobre, experts et décideurs ont appelé à repenser le rôle du monde rural sur un continent encore vulnérable aux crises climatiques, économiques et sécuritaires.
« Sans nourriture, il n’y a pas de paix », a lancé Roland Fomundam, PDG de Greenhouse Ventures (Cameroun). Selon lui, les politiques agricoles africaines échouent souvent parce qu’elles sont conçues sans les premiers concernés : les paysans. « Il faut les écouter, dialoguer avec eux, comprendre leurs besoins et co-construire des solutions locales », a-t-il plaidé.
Même son de cloche du côté de la FAO. Sa directrice générale adjointe, Beth Bechdol, a rappelé que les agriculteurs sont avant tout des entrepreneurs qui investissent et innovent malgré l’adversité. « Ils constituent le vrai secteur privé du continent. Il est temps de reconnaître leur rôle stratégique et de mesurer nos progrès à l’aune de leurs revenus et de leur résilience. »
Lors d’un panel consacré à la sécurité alimentaire, plusieurs voix ont insisté sur l’urgence d’un nouveau contrat social avec les agriculteurs.
En Somalie, par exemple, le gouvernement a mobilisé six milliards de dollars issus du secteur privé pour relancer son économie. « Le secteur privé est notre ressource la plus précieuse. Il doit être invité à la table des solutions », a affirmé Abdilhakim Yusuf Ali Ainte, haut responsable somalien.
Pour Martin Fregene, directeur de l’agriculture à la Banque africaine de développement, la clé réside dans le renforcement des petites et moyennes entreprises agricoles, véritables piliers de la production alimentaire africaine. « Il faut les aider à doubler leur production et à survivre dans un environnement climatique hostile », a-t-il déclaré.
Enfin, la voix de la jeunesse rurale s’est exprimée à travers Felista Nyakio, agripreneuse kényane : « L’agriculture doit redevenir un métier de fierté. Nous devons apprendre à nos enfants que cultiver la terre, c’est construire la nation. »
Organisé par la Banque africaine de développement, le Forum 2025, placé sous le thème « Prévenir pour mieux agir : financer la paix dans un contexte de coopération en transition », a rappelé une évidence souvent négligée : en Afrique, la paix durable dépend aussi de la dignité et de la prospérité de ceux qui nourrissent le continent.
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