Ce qui était hier encore une vision audacieuse est devenu une réalité monumentale : le démarrage opérationnel de la méga-raffinerie Dangote, d’une capacité de 650 000 barils par jour, marque un tournant historique dans le parcours énergétique de l’Afrique. À bien des égards, il ne s’agit pas simplement d’un projet industriel, mais d’une déclaration d’indépendance stratégique pour l’Afrique de l’Ouest et au-delà.
Symbole d’une Afrique qui transforme ses ressources au lieu de les exporter brutes, la raffinerie Dangote s’impose comme un nouveau centre de gravité dans l’économie pétrolière régionale. Située au Nigéria, elle est déjà en train de redistribuer les cartes du commerce pétrolier dans l’Atlantique, avec des cargaisons de produits raffinés mises en route vers des marchés aussi variés que l’Europe, l’Afrique centrale et l’Asie.
Mais plus encore que sa taille la plus grande raffinerie à train unique d’Afrique c’est sa signification géopolitique et industrielle qui frappe. Elle introduit une rupture majeure dans le modèle d’approvisionnement en carburants sur le continent : fini les longues dépendances aux importations coûteuses de produits finis, place à la transformation locale, à la création d’emplois qualifiés, à la souveraineté énergétique.
La raffinerie, dotée de technologies de pointe, est capable de traiter une large gamme de bruts nigérians et africains, ce qui en fait un outil de valorisation stratégique pour les producteurs du Golfe de Guinée. Ce changement de paradigme n’échappe pas aux grands acteurs du secteur, qui s’interrogent déjà sur les futures reconfigurations : faut-il moderniser les raffineries existantes, en construire de nouvelles ou se concentrer sur la distribution et le stockage ? L’émergence d’un tel mastodonte redéfinit les équilibres et impose de nouvelles stratégies industrielles.
C’est dans ce contexte brûlant que s’ouvrira en septembre prochain à Cape Town l’African Energy Week 2025, le principal forum continental sur l’énergie. Un atelier intitulé « La raffinerie Dangote et son impact sur l’équilibre raffinerie en Afrique », coorganisé par la Chambre africaine de l’énergie (AEC) et S&P Global Commodity Insights, réunira les décideurs publics, investisseurs et opérateurs autour des enjeux soulevés par cette transformation.
Au menu : diversification des flux, compétitivité régionale, implications sur la fiscalité pétrolière, mais aussi normes environnementales. Car la raffinerie Dangote ne se contente pas de produire en masse : elle le fait proprement. Grâce à ses installations modernes, elle fabrique des carburants conformes à la norme Euro V, offrant une opportunité unique pour l’Afrique de l’Ouest d’améliorer la qualité de l’air, de moderniser ses normes et de réduire sa vulnérabilité aux chocs logistiques mondiaux.
« L’Afrique entre dans une nouvelle phase de son développement énergétique. Le projet Dangote, au-delà de ses dimensions industrielles, est une leçon de vision, de courage et de transformation. C’est le genre de réalisation qui façonne les prochaines décennies », affirme NJ Ayuk, président exécutif de l’AEC.
L’Afrique change. Le raffinage change. Et avec Dangote, c’est tout un continent qui affirme son ambition de prendre le contrôle de sa destinée énergétique.
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