Ce n’est pas un simple document que Ciara Princess Wilson, Gabendy Joseph et David Romuald Smeralda ont reçu ce jour-là. C’est un fragment d’identité retrouvée. Une reconnaissance attendue depuis des générations. Une cicatrice de l’histoire que l’on tente, enfin, de refermer avec dignité.
Dans une cérémonie sobre mais chargée d’émotion, les autorités béninoises ont officiellement accordé la nationalité béninoise à ces trois descendants de la diaspora africaine. Une étape historique dans le processus de réconciliation entre l’Afrique et ses enfants dispersés par les vents violents de la traite transatlantique.

Un acte d’appartenance, pas d’assistance
Derrière les applaudissements, les discours et les regards émus, un message fort : le retour des afrodescendants ne relève ni du folklore ni de la charité historique. Il s’agit d’un acte de justice, de reconnaissance et de responsabilité.
Car ce geste découle d’un cadre clair : la Loi 2024-31 du 2 septembre 2024, adoptée par le Parlement béninois pour établir un pont légal et symbolique entre le Bénin et les personnes d’ascendance africaine à travers le monde. Cette loi est née d’une vision politique et culturelle assumée : faire du Bénin un acteur central de la réparation historique et du rassemblement panafricain.
« Vous réparez une partie du monde »
La voix du Ministre de la Justice, Yvon DETCHENOU, a porté haut l’esprit de cette démarche :
« En renouant avec vos racines, vous réparez une partie du monde. (…) Cette cérémonie engage chacun de nous à regarder l’histoire en face, à la partager, à la réparer et à la transcender. »
Ses mots résonnent comme une invitation à sortir du silence, à raconter les mémoires, à construire une nouvelle narration entre les peuples séparés par les chaînes de l’Histoire.
Des racines profondes, un avenir partagé
Le retour de Ciara, Gabendy et David ne relève pas seulement de l’émotion intime. Il cristallise une ambition politique : faire du Bénin un foyer accueillant pour tous les afrodescendants en quête de racines, de repères et de reconnaissance.
Mais cette reconnaissance s’accompagne aussi d’une responsabilité, comme l’a rappelé le Ministre :
« Soyez des citoyens actifs. Des ambassadeurs de notre culture et des défenseurs de notre vivre-ensemble. »
Une manière de dire que le retour aux origines ne doit pas être un simple pèlerinage nostalgique, mais un engagement dans la construction d’un avenir africain fort, ouvert et inclusif.
Le Bénin, carrefour de mémoire et de renaissance
En offrant la nationalité à ces descendants d’Africains déportés, le Bénin ne se contente pas de corriger le passé. Il choisit de bâtir un projet. Un projet panafricain, où l’appartenance ne se mesure pas au sang ou à l’origine, mais à une volonté partagée de reconstruire ensemble une dignité commune.
À travers cette démarche, le pays affirme haut et fort que la mémoire ne doit pas être un fardeau, mais une force. Et que les fils et filles de l’Afrique, où qu’ils soient, trouveront toujours une place dans la maison béninoise.
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