Les États-Unis viennent d’opérer un revirement spectaculaire dans leur politique envers l’Ukraine. Douze jours seulement après un échange houleux entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, Washington a décidé de lever la suspension de son aide militaire et de reprendre le partage de renseignements avec Kyiv. Ce changement, conclu lors d’une rencontre marathon de huit heures à Djeddah, en Arabie saoudite, pose plusieurs questions sur les motivations réelles de l’administration Trump.
Un rapport de force politique
La décision initiale de suspendre l’aide à l’Ukraine était perçue comme un message clair adressé à Zelensky : la Maison-Blanche voulait redéfinir les termes de son engagement. Mais la brutalité de cette mise en pause et l’absence d’alternative concrète avaient créé un vide stratégique exploité par Moscou. En revenant sur sa position, Washington semble vouloir corriger une erreur de calcul, évitant ainsi d’affaiblir son influence sur le cours de la guerre.
Le fait que Kyiv ait annoncé son soutien à la proposition d’un cessez-le-feu de 30 jours, un projet porté par l’administration Trump, montre que ce rétropédalage américain n’est pas sans contrepartie. En clair, Zelensky a dû consentir à des concessions diplomatiques pour rétablir le soutien de Washington.
Un cessez-le-feu sous conditions
L’accord de Djeddah met en évidence une condition essentielle : la Russie devra approuver tout cessez-le-feu. Ce détail est crucial car il signifie que Moscou, qui a intensifié ses frappes sur Kyiv, détient toujours un levier de négociation décisif. Washington et Kyiv semblent donc jouer la carte de la désescalade, probablement pour tester la volonté du Kremlin d’ouvrir des pourparlers.
Mais ce cessez-le-feu temporaire soulève une autre interrogation : s’agit-il d’un premier pas vers une paix durable ou d’une pause tactique permettant à chaque camp de se réorganiser avant de nouvelles hostilités ? Le fait que Moscou n’ait pas encore réagi à cette annonce laisse planer l’incertitude.
Une diplomatie économique en toile de fond
Un élément clé de l’accord de Djeddah concerne l’exploitation des ressources minérales essentielles de l’Ukraine. Cet accord, mis en suspens après l’accrochage entre Trump et Zelensky, pourrait bien être le véritable moteur du réchauffement des relations entre les deux pays. L’Ukraine, riche en terres rares et en minerais stratégiques, représente un atout économique et géopolitique majeur pour les États-Unis.
Derrière l’annonce officielle d’une assistance militaire réactivée, il y a donc un enjeu économique de taille. Washington ne veut pas seulement empêcher une défaite ukrainienne face à la Russie, mais aussi s’assurer un accès privilégié aux ressources stratégiques de l’Ukraine, un facteur crucial dans la compétition économique mondiale, notamment face à la Chine.
En attendant la réaction de Moscou
Alors que la délégation américaine à Djeddah était conduite par le secrétaire d’État Marco Rubio et le conseiller à la sécurité nationale Michael Waltz, la présence d’Andriy Yermak et de Rustem Umerov côté ukrainien montre que Kyiv considère cette négociation comme hautement stratégique.
Mais la grande inconnue reste la réaction de Moscou. La veille de l’annonce, un bombardement massif de drones ukrainiens avait visé la capitale russe, marquant une escalade significative du conflit. La Russie acceptera-t-elle de jouer la carte du cessez-le-feu ou verra-t-elle cette initiative comme une tentative de gagner du temps avant une nouvelle phase du conflit ?
En somme, la volte-face américaine ressemble davantage à un réajustement stratégique qu’à une véritable évolution diplomatique. L’administration Trump cherche visiblement à reprendre la main sur un dossier où chaque erreur de calcul peut avoir des conséquences majeures.
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