Un grand nombre de soldats érythréens ont quitté deux villes de la région éthiopienne du Tigré, où elles ont soutenu durant deux ans l’armée éthiopienne dans son conflit face aux rebelles tigréens, ont indiqué des habitants à l’AFP.
Selon ces témoignages, des troupes ont quitté depuis vendredi après-midi les villes de Shire et Adwa, pour une destination inconnue. Des soldats étaient toujours présents dans ces deux villes samedi. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a salué un « retrait en cours des troupes érythréennes du nord de l’Ethiopie », à l’issue d’un appel téléphonique avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
La présence de ces soldats, accusés de nombreuses exactions sur les civils, demeure l’un des principaux obstacles à la paix dans le nord de l’Ethiopie, malgré un accord signé le 2 novembre entre le gouvernement éthiopien et les autorités rebelles tigréennes pour mettre fin à une guerre meurtrière entre novembre 2020 et novembre 2022.
Ni les autorités tigréennes, ni le gouvernement éthiopien, ni l’Igad – organe régional est-africain qui participe à la médiation du processus de paix – n’ont confirmé à l’AFP un retrait des forces érythréennes. Des habitants ont rapporté des mouvements de troupes depuis vendredi après-midi.
« J’ai vu des forces érythréennes quitter Shire en direction du nord-ouest. Je ne sais pas s’il s’agit d’un retrait complet », a déclaré l’un d’entre eux, sous couvert d’anonymat.
Une vidéo qu’il a filmée et transmise à l’AFP montre des camions de soldats quittant la ville en klaxonnant, drapeau de l’Erythrée claquant au vent. Un autre habitant a affirmé avoir vu un convoi sortir de la ville, avec des camions et des bus chargés de soldats, des pièces d’artillerie et des tanks. Mais « des forces érythréennes marchent dans les rues et sur les marchés » samedi, ajoutait-il.
Des forces érythréennes ont également été vues quittant Adwa, située à 85 kilomètres à l’est de Shire. « La plupart se sont dirigés vers l’ouest (…) tandis que d’autres se sont dirigés vers le nord en direction de Rama », localité près de la frontière avec l’Erythrée, a expliqué samedi un habitant à l’AFP.
« J’ai vu ce matin qu’il restait encore pas mal de soldats érythréens », a-t-il souligné. « Les gens attendent pour savoir si les forces érythréennes se retirent vraiment. Il y a déjà eu des annonces de départ des soldats érythréens, pour mieux revenir ensuite depuis d’autres directions », a-t-il poursuivi.
Pays frontalier du Tigré, l’Erythrée avait envoyé des troupes dès le début du conflit en novembre 2020, soutenant l’armée éthiopienne envoyée par Abiy Ahmed pour destituer les autorités de cette région qui contestaient son autorité depuis des mois et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales.
AFP