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Classement RSF 2025 : la Guinée en recul dans un paysage médiatique africain sous tension

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Dans le dernier Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF), la Guinée chute à la 103e place, confirmant une tendance alarmante dans une Afrique où les libertés journalistiques se fragilisent à grande vitesse.

L’Afrique traverse une période critique pour sa presse. Le rapport 2025 de RSF révèle que 80 % des pays du continent enregistrent une dégradation de leur score économique, impactant lourdement l’indépendance des médias. La Guinée, à la 103e position, illustre ce recul général, avec un environnement médiatique de plus en plus instable et contraint.

La Guinée sous pression : des médias réduits au silence

Le cas guinéen est emblématique d’un climat où la liberté d’informer devient un exercice à haut risque. Ces derniers mois, les décisions radicales prises par les autorités ont secoué le paysage audiovisuel. Le retrait de licences à des médias influents tels que Djoma TV ou Espace FM a entraîné la perte de plus de 700 emplois. Une sanction lourde, qui va bien au-delà du champ médiatique et touche directement l’économie du secteur.

Ces mesures s’inscrivent dans une logique de contrôle de l’information, dans laquelle les organes de régulation deviennent des outils de répression. Les voix critiques, souvent perçues comme des menaces, sont de plus en plus mises au pas, dans un contexte où l’espace civique se réduit.

Un continent aux médias fragilisés

Au-delà de la Guinée, de nombreux pays africains subissent les mêmes dynamiques : une concentration des médias entre les mains d’intérêts privés et politiques, et une forte dépendance aux annonceurs institutionnels. Au Bénin (92e), au Togo (121e) ou au Nigeria (122e), les rédactions sont souvent contraintes à l’autocensure par crainte de perdre leurs principales sources de revenus publicitaires — souvent publiques.

Même des titres emblématiques ne sont pas épargnés. Au Kenya (117e), The Nation a vu ses publicités supprimées après avoir publié une enquête dérangeante pour un puissant opérateur de télécommunication, Safaricom. Un signal fort précisé à tous ceux qui oseraient déranger l’ordre établi.

Insécurité, censure et exil

Au Sahel, la liberté de la presse est confrontée à une autre menace : l’insécurité chronique. Au Burkina Faso (105e) ou au Mali (119e), des médias ont été suspendus, et des journalistes, menacés, se sont vus forcés à l’exil ou déplacés à l’intérieur de leur pays. Certains, jugés trop critiques, ont même été enrôlés de force dans les forces armées, comme pour faire taire définitivement toute opposition médiatique.

En République démocratique du Congo (133e), les conflits dans l’est du pays ont provoqué la fermeture de dizaines de radios communautaires. Quant au Soudan (156e), la guerre en cours n’a fait qu’aggraver la situation d’une presse déjà muselée par les belligérants.

Des régimes répressifs en progression

Dans plusieurs pays, les sanctions contre les médias ne passent plus seulement par la violence ou la censure directe, mais par des moyens administratifs, judiciaires et fiscaux. En Guinée, les suspensions de médias sans décision judiciaire renforcent transparentement cette tendance inquiétante.

Le Burundi (125e) continue de plus sombre malgré quelques gestes symboliques, comme la libération de la journaliste Floriane Irangabiye. L’Érythrée (180e), dernier au classement, reste un cauchemar pour la presse, sans aucun média indépendant et avec des journalistes détenus depuis plus de vingt ans.

Quelques bastions de résistance

Tout n’est cependant pas sombre. Des pays comme l’Afrique du Sud (27e), la Namibie (28e), le Cap-Vert (30e) ou le Gabon (41e) continuent de montrer la voie, avec des environnements juridiques et institutionnels plus favorables à l’exercice libre du journalisme.

Imedias.net

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