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Cessez-le-feu sans le M23 : une paix fragile négociée en coulisses à Doha

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La diplomatie sait parfois surprendre. Alors que tous les regards étaient tournés vers Luanda, où devaient se tenir des pourparlers entre Kinshasa et le M23, c’est à Doha que s’est jouée une scène inattendue de la crise congolaise. Dans un huis clos soigneusement orchestré, les présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais, Paul Kagame, se sont retrouvés sous la médiation de l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani. Une initiative aussi soudaine qu’inattendue qui pourrait bien rebattre les cartes du conflit.

Un revirement diplomatique sous haute tension

Si l’Angola s’était imposé comme le principal médiateur dans la crise qui ravage l’est de la RDC, l’échec des pourparlers prévus ce mardi à Luanda a mis en évidence les limites du cadre diplomatique existant. L’annonce de la rencontre de Doha a pris de court observateurs et protagonistes, d’autant que jusqu’ici, Tshisekedi et Kagame n’avaient cessé d’échanger des accusations acerbes par médias interposés.

L’enjeu de cette rencontre ? Un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel. Un engagement réaffirmé dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari, mais qui laisse en suspens un élément clé : le M23. Ce groupe armé, que Kinshasa qualifie de « terroriste » et que l’ONU accuse d’être piloté par l’armée rwandaise, reste l’acteur incontournable de la crise. L’absence de référence explicite au M23 dans les termes de l’accord interroge sur la portée réelle de cette démarche.

Une équation diplomatique à plusieurs inconnues

Cette tentative de réconciliation survient dans un contexte hautement inflammable. Depuis janvier, le M23 a enchaîné les victoires militaires, s’emparant de Goma et Bukavu, deux villes stratégiques de l’est congolais. En parallèle, les sanctions internationales se sont multipliées contre les leaders du mouvement ainsi que contre plusieurs responsables militaires rwandais. La position de Kigali, qui dément tout soutien au M23 mais affiche une hostilité croissante envers la Belgique et l’Union européenne, complexifie davantage l’échiquier diplomatique.

L’Angola, jusque-là maître d’œuvre des efforts de paix, pourrait voir son rôle relégué au second plan au profit du Qatar, qui s’affirme comme un nouvel acteur dans la médiation africaine. Reste à voir si cette démarche qatarie constitue un simple coup diplomatique ou la préfiguration d’une nouvelle approche plus inclusive du conflit.

Une paix fragile suspendue aux actes

Si la photo de la rencontre entre Tshisekedi et Kagame a été largement diffusée par Doha, les réactions des parties prenantes révèlent des nuances notables. Kinshasa a préféré communiquer avec prudence, soulignant que les « modalités de mise en œuvre de l’accord seront précisées dans les jours à venir ». Kigali, de son côté, s’est muré dans le silence, se contentant de relayer le communiqué qatari.

Cette discrétion traduit-elle une volonté de temporisation ou une absence d’accord réel sur le fond ? Le précédent de Luanda, où une rencontre entre les deux chefs d’État avait été annulée faute de consensus, invite à la prudence.

Dans une région où les promesses de paix ont trop souvent été démenties par les faits, seule l’application concrète de ce cessez-le-feu pourra donner une réelle signification à la rencontre de Doha. Les prochains jours s’annoncent donc déterminants : soit cette initiative marque un véritable tournant, soit elle ne restera qu’un épisode de plus dans l’interminable tragédie de l’est congolais.

Imedias.net

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