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Burundi : des enquêteurs de l’ONU dénoncent un climat de peur et d’intimidation avant les élections de 2020

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La Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi a dénoncé mercredi les violations graves des droits de l’homme commises pendant la période préélectorale dans ce pays. Les enquêteurs onusiens ont estimé qu’un « climat de peur » règne, à moins d’un an des élections présidentielle, parlementaires et locales en 2020.

« Aujourd’hui au Burundi, il est extrêmement dangereux de s’exprimer de manière critique », a constaté le Président de la Commission d’enquête, Doudou Diène. Dans son rapport publié aujourd’hui à Genève, la Commission conclut à l’existence d’un climat d’intimidation de toutes les personnes qui ne démontrent pas leur soutien envers le parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

Le document décrit comment des autorités locales et des Imbonerakure, les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD intimident la population locale afin de la forcer à adhérer, soutenir ou contribuer au parti gouvernemental.

Il montre aussi comment des Imbonerakure ont commis des meurtres, des disparitions, des arrestations et détentions arbitraires, des actes de torture et des mauvais traitements, ainsi que des viols contre des membres de l’opposition politique, réels ou présumés.

La crise de 2015, loin d’être résolue, a évolué au point de toucher l’ensemble du pays

La Commission d’enquête est arrivée au constat que ce niveau de violence alarmant est alimenté par l’impunité généralisée qui prévaut au Burundi.

« L’étouffement » des voix critiques « est ce qui permet au pays de présenter une illusion de calme », relève Lucy Asuagbor, membre de la Commission. Pour Françoise Hampson, également membre de la Commission, il s’agit d’un « calme qui repose sur la terreur, comme le démontre la persistance des crimes contre l’humanité et des violations graves des droits de l’homme que nous avons documentés ».

Par ailleurs, les enquêteurs ont rappelé que des femmes et des filles ont été victimes de viol collectif par des Imbonerakure lors d’attaques sur leur foyer ou pendant qu’elles essayaient de fuir le pays. Des hommes – mais également des femmes – ont subi des tortures à caractère sexuel pendant leur détention par le Service national de renseignement.

« Etant donné les restrictions sévères imposées aux médias indépendants et à la société civile, le dysfonctionnement du système judiciaire et la fermeture récente du bureau pays du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ces violations se produisent quasiment à huis-clos », ont regretté les enquêteurs onusiens.

Pour la Commission, la crise de 2015, « loin d’être résolue, a évolué au point de toucher l’ensemble du pays », avec des « Imbonerakure », des agents du Service national de renseignement et de la police ainsi que des autorités locales qui « continuent à commettre de graves violations des droits de l’homme contre des citoyens burundais ».

La Commission lance un système d’alertes précoces

Le premier tour de la présidentielle, qui aura lieu le 20 mai de l’an prochain, a été couplé aux élections législatives et communales. A cet égard, la Commission a insisté sur le fait que la situation au Burundi doit être suivie « avec la plus grande vigilance par la communauté internationale ».

Les enquêteurs de l’ONU ont également mis un accent particulier sur l’urgence de mettre en œuvre des mesures en vue de prévenir la détérioration de la situation des droits de l’homme dans le contexte des élections de 2020.

Et compte tenu de la période électorale à venir, politiquement sensible, la Commission d’enquête a décidé d’adopter une démarche prospective. En appliquant le « Cadre d’analyse des atrocités criminelles », élaboré en 2014 par le Bureau du conseiller spécial pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger, la Commission a constaté que les huit facteurs de risque communs pour les atrocités criminelles sont présents au Burundi.

« Ces signes avant-coureurs sont suffisamment éloquents », a déclaré le Président de la Commission. « Notre analyse doit être soigneusement prise en compte pour que les engagements réitérés en matière de prévention aient une quelconque signification ».

Les conclusions de la Commission sont basées sur plus de 1.200 témoignages de victimes, de témoins, d’auteurs présumés de violations des droits de l’homme et d’autres sources. Le rapport de Doudou Diène et son équipe sera présenté le 17 septembre prochain devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.

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