Alors que les ministres des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda ont signé ce vendredi à Washington un projet d’accord de paix, les violences se poursuivent dans l’est de la RDC, où les populations civiles demeurent les premières victimes d’un conflit prolongé.
Depuis janvier, la région du Kivu est de nouveau en proie à une escalade des combats, notamment du fait de l’offensive du groupe armé M23, soutenu par le Rwanda selon plusieurs sources onusiennes. Ce regain de tension met à rude épreuve la fragile stabilité de cette zone stratégique de l’Afrique centrale.
Entre diplomatie et réalités du terrain
À New York, lors d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU tenue également vendredi, la cheffe de la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO), Bintou Keita, a rappelé que « la voie vers une paix durable exige une action collective ». Elle a exhorté toutes les parties à « privilégier le dialogue à la division » et à « préserver activement la cohésion nationale ».
Mais derrière les discussions diplomatiques et la signature de principes de paix, la réalité sur le terrain reste alarmante. Les lignes de front évoluent, les positions politiques oscillent, et le peuple congolais attend toujours des résultats concrets.
Une crise humanitaire à l’abandon
Le conflit dans l’est de la RDC a provoqué l’un des pires drames humanitaires du continent. Plus de 7 millions de personnes sont actuellement déplacées, tandis que 27,8 millions souffrent d’insécurité alimentaire et près de 1,4 million d’enfants sont en situation de malnutrition aiguë.
La situation est aggravée par une réduction drastique des financements humanitaires. Mme Keita a alerté le Conseil sur le fait que le plan de réponse humanitaire 2025 n’était financé qu’à 11 %, une statistique dramatique à seulement quelques mois de la fin de l’année. L’un des principaux donateurs de MONUSCO, qui assurait à lui seul 70 % du financement en 2024, a suspendu son soutien, obligeant les acteurs humanitaires à se limiter aux urgences vitales.
Les femmes et les enfants, cibles des violences
Les violences armées continuent de frapper de plein fouet les femmes, les enfants et les jeunes garçons. Le viol et d’autres formes de violences sexuelles sont utilisés de manière systématique comme armes de guerre. Les structures de santé étant elles-mêmes la cible d’attaques, l’accès aux soins pour les survivantes est fortement compromis.
Par ailleurs, plus de 290 écoles ont été détruites en 2025, maintenant 1,3 million d’enfants hors du système éducatif, notamment dans la province d’Ituri. Les garçons, souvent suspectés de liens avec des groupes armés, sont fréquemment enlevés, tandis que les femmes et jeunes filles subissent des violences répétées.
Un espoir sous conditions
Si l’accord signé à Washington représente une étape significative sur le plan politique, son application reste incertaine tant que les violences ne cesseront pas et que la situation humanitaire ne sera pas traitée avec l’urgence qu’elle mérite. Les observateurs s’accordent à dire que la paix ne pourra être durable sans un engagement réel sur le terrain, une protection des civils et un rétablissement des services de base.
La communauté internationale est donc appelée à transformer les engagements diplomatiques en actions concrètes, pour éviter que l’espoir suscité par l’accord ne soit un simple écran de fumée pour des populations à bout de souffle.
Imedias.net