Le Bénin et sa diaspora, constituée d’un grand nombre d’Afro-descendants venus renouer avec la terre de leurs ancêtres, ont célébré ce samedi 23 août à Ouidah la Journée Internationale du Souvenir de la Traite Négrière et de son Abolition (JISTNA), sous le thème : « Mémoire, résilience et avenir : honorer les victimes, construire pour demain ».
Instituée par l’UNESCO et commémorée chaque 23 août, la JISTNA a rassemblé cette année des chercheurs, des acteurs culturels et des porteurs de mémoire, venus du Bénin, de la diaspora africaine et d’autres continents. Ensemble, ils ont partagé réflexions, témoignages et initiatives autour de la mémoire des déportés, des survivances culturelles et des projets commémoratifs.
La journée a été marquée par une conférence inaugurale, des débats citoyens, des présentations culturelles, ainsi qu’une marche silencieuse vers l’Arène culturelle de Ouidah. Ce moment symbolique s’est achevé par un lâcher de colombes, une chaîne d’union et une cérémonie empreinte de solennité.
« Chaque année, le Bénin, terre de cicatrices et de mémoire, se joint à cette commémoration non pas seulement parce qu’elle est inscrite dans le calendrier mondial, mais parce que notre sol porte encore les stigmates de cette tragédie et que nos cœurs en gardent l’écho », a déclaré le Ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts, Jean-Michel ABIMBOLA.
Selon lui, le thème de cette édition constitue une véritable boussole, rappelant que « la mémoire ne constitue pas uniquement une exigence morale ; elle est également une semence politique et culturelle ».
Le Ministre ABIMBOLA a mis en avant les initiatives structurantes entreprises par le Gouvernement béninois pour ancrer durablement cette mémoire dans l’avenir. Parmi elles, l’adoption d’une loi sur la nationalité au bénéfice des Afro-descendants, offrant aux fils et filles de la diaspora la possibilité de renouer juridiquement et symboliquement avec leurs racines.
Il a également rappelé deux projets emblématiques : la création du Musée international de la mémoire de l’esclavage au Fort portugais de Ouidah, destiné à devenir un sanctuaire universel de mémoire et de transmission ; la réhabilitation du bateau mémoriel retraçant le parcours des esclaves déportés, de Zomaï à Zoungbodji jusqu’au navire de départ.
« Matérialiser ce qu’a été l’horreur de la traite des Noirs fera de chacun, génération après génération, le témoin de la cruauté humaine, mais aussi le gardien des valeurs humaines », a-t-il rappelé en citant le Président Patrice TALON.
Pour Akhsamiya MARTIAL, Présidente de l’Association Médiation Internationale pour les Réparations (MIR), cette journée est une réponse à l’appel des ancêtres :
« Oui, nous avons tout quitté, nous avons tout vendu en Martinique pour répondre à l’appel puissant de nos aïeux qui ont tant pleuré, qui ont tant crié pour retourner chez eux. C’est en leur honorable et précieux nom que nous sommes ici, sans regret. »
De son côté, le Maire de Ouidah, Christian HOUÉTCHENOU, a lancé une invitation solennelle aux Afro-descendants du monde entier à revenir s’installer sur la terre de leurs aïeux, soulignant les efforts du Gouvernement dans la promotion du patrimoine culturel et touristique.
La cérémonie s’est déroulée en présence du Préfet de l’Atlantique Jean-Claude CODJIA, du Pontife Dagbo HOUNON TOMADJLEHOUKPON II, ainsi que de plusieurs autorités politico-administratives.