La ville de Goma, située dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est le théâtre d’une intensification des combats qui touchent désormais tous les quartiers. Lors d’un point de presse organisé à New York, le lundi 27 janvier 2025, le Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, Bruno Lemarquis, a alerté sur l’aggravation de la situation.
Des combats d’une intensité inédite
Depuis Kinshasa, M. Lemarquis a décrit une ville assiégée par les tirs d’artillerie lourde, lesquels ont atteint le centre-ville, causant des pertes civiles dramatiques. L’hôpital Charité maternelle a été particulièrement touché, avec des morts et des blessés parmi les nouveau-nés et les femmes enceintes.
« Les scènes rapportées sur le terrain sont tout simplement chaotiques », a-t-il déploré.
De son côté, Jean-Pierre Lacroix, chef des opérations de paix de l’ONU, a constaté un changement significatif dans les rapports de force, marqués par les avancées du groupe armé M23 soutenu par l’armée rwandaise. La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) continue de soutenir l’armée congolaise et les forces régionales de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SAMIDRC) dans leur défense.
Une crise humanitaire sans précédent
Les combats ont contraint des centaines de milliers de personnes à fuir, aggravant une crise humanitaire déjà désastreuse. Selon M. Lemarquis, 700 000 personnes déplacées vivaient dans des conditions précaires aux abords de Goma avant cette nouvelle vague de violence. Des camps accueillant 300 000 déplacés ont été vidés la semaine dernière à mesure que la ligne de front avançait.
« Fuir au beau milieu des affrontements présente un risque mortel, mais beaucoup n’ont pas d’autre choix », a-t-il ajouté.
Les hôpitaux de Goma, débordés, peinent à accueillir l’afflux massif de blessés. L’hôpital général de Ndosho, conçu pour 146 lits, traitait récemment 259 patients, dont 90 civils. L’accès à l’eau, à l’électricité et aux services Internet est gravement perturbé, compliquant les efforts humanitaires.
Appel à des pauses humanitaires
Face à l’urgence, M. Lemarquis a exhorté les parties au conflit à convenir de pauses humanitaires et à établir des couloirs sécurisés pour l’évacuation des civils et l’acheminement de l’aide. Il a également insisté sur la réouverture de l’aéroport de Goma et le maintien des postes frontières avec le Rwanda.
En réponse, le chef humanitaire de l’ONU, Tom Fletcher, a annoncé une allocation de 17 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence (CERF) pour soutenir les opérations humanitaires dans l’est de la RDC.
Condamnation internationale du M23
Le Conseil de sécurité de l’ONU a vivement condamné les avancées du M23, qualifiées de grave violation du cessez-le-feu. Dans une déclaration, le Conseil a dénoncé les conséquences catastrophiques pour les civils et a exigé l’arrêt immédiat des hostilités ainsi qu’un retrait des positions conquises.
« Ces avancées aggravent la crise humanitaire et compromettent les efforts de paix », a souligné le Conseil.
Les membres du Conseil ont également salué les efforts de la MONUSCO, rendant hommage aux soldats de la paix déployés près de Goma. Ils ont réaffirmé que les attaques contre ces forces constituaient des crimes de guerre passibles de sanctions.
Une population en détresse et des efforts à intensifier
Alors que Goma s’enfonce dans la violence, l’urgence d’une solution politique et humanitaire se fait plus pressante. Les acteurs internationaux appellent à une mobilisation accrue pour éviter une catastrophe humaine majeure et ramener la paix dans cette région tourmentée.