Couvert de toutes sortes de déchets plastiques de la tête aux pieds, Modou Fall arpente les rues de Dakar pour sensibiliser les Dakarois aux effets néfastes du plastique sur l’environnement. Cela va faire plus de quinze ans que Modou, alias « l’homme plastique », mène cette bataille sans jamais se fatiguer ou se laisser intimider par les menaces de mort qu’il reçoit de la part d’industriels du secteur plastique.
Hormis la sensibilisation, le cinquantenaire organise régulièrement des campagnes de nettoyage dans les espaces publics et les établissements éducatifs, à travers son organisation « Sénégal Propre » qui existe depuis 2006. Ce père de famille a commencé à s’investir dans cette cause quelque temps après avoir quitté l’armée qui lui a permis de développer une sensibilité écologique.
« J’ai accompli mon service militaire pendant deux ans à la frontière sénégalo-malienne. Durant cette période, j’ai été témoin de différents fléaux qui ont de lourdes répercussions sur l’environnement et la biodiversité comme la déforestation. A l’époque, j’ai été frappé de constater que certaines espèces d’oiseaux se faisaient de plus en plus rare », raconte Modou dans un entretien accordé à la dpa.
« Ayant abandonné l’école assez tôt, j’ignorais la cause de leur extinction, jusqu’à ce que les villageois m’aient fait comprendre que la coupe de bois était à l’origine de leur disparition. J’ai décidé depuis lors de m’impliquer pleinement dans la cause environnementale en me focalisant plus sur la pollution plastique, qui reste un véritable fléau au Sénégal », ajoute-t-il.
D’après les chiffres du ministère de l’Urbanisme publiés en 2022, le Sénégal produit plus de 250 000 tonnes de plastique chaque année dont 30 000 seulement sont recyclées. En 2020, le pays a adopté une loi relative à la prévention et à la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques.
Malgré l’adoption de cette loi, le plastique continue encore à infester les rues sénégalaises. Selon Modou, cela s’explique par le fait que le décret d’application de cette loi tarde encore à voir le jour.
« Il est impératif d’appliquer aujourd’hui cette loi. Nous ne pouvons plus accepter que notre pays continue à être un dépotoir à ciel ouvert. Le plastique est un poison aussi bien pour la nature que pour l’homme. Tant que je serai vivant, je continuerai encore à défendre cette cause malgré les menaces de mort et les maraboutages dont je suis victime », insiste le Sénégalais.
dpa